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CASSE-ÉCUELLES, s. m. — Avale-tout-cru, avaleur de charrettes ferrées. Te me feras pas caner, avec ton air casse-écuelle !

CASSEMENT. — Cassement de tête, Effort cérébral. C’est connu qu’en partie tous nos grands savants, qui ont beaucoup de cassement de tête, sont des gens abstraits. Mon bourgeois disait coutumièrement qu’il mourait beaucoup plus de gens du cassement du bas rein que du cassement de tête. Molard a oublié de proscrire le mot, et Littré lui a donné asile.

CASSER. — Casser du sucre. Une des plus fortes plaisanteries des grammairiens est de le remplacer par concasser du sucre. Concasser est un terme pharmaceutique, ici impropre. Notre expression a prévalu, et Littré à mis casser du sucre en tête de ses exemples.

Casser la graine, casser la grune, Boire un coup. Quand vous recevez une visite à la campagne, vous devez toujours offrir un verre de quoi que ce soit : du china-china, du vespétro, du parfait-amour, du tord-boyaux, du casse-poitrine, du fil-en-quatre, de la christoflette, du raspail, de l’arquebuse, de l’alcool camphré, enfin de tout ça que vous avez de meilleur. Vous devez dire d’un air aimable à votre visiteur ou à votre visiteuse : Voulez-vous casser une grune avec moi ? C’est du moins ce que font tous ceux qui ont de l’usage.

Casser la dévotion, Fatiguer, agacer, porter sur les nerfs. Finis don, Pétrus, avè ta raquette, tu nous casses la dévotion. L’idée est : Tu nous distrais de nos prières.

CASSE-TALON. — Prendre la voiture de M. Casse-Talon pour aller à Mornant, Vaugneray, ou ailleurs. Y aller de pied. On dit aussi Prendre la voiture des frères Talon.

CASSERELLE. s. f. — Sorte d’amande à coque tendre.

CASSON, s. m. — Planche de jardinage. Un casson de pastonades, de doigts-de-mort, un casson de cocus, etc. — De capsa, caisse.

CASTILLE. — Chercher castille, Chercher dispute. Vieilli à Lyon, mais toujours usité dans nos campagnes. — Esp. castillo, château. Autrefois la Castille désignait une espèce de joute où l’on attaquait des simulacres de château.

CASTONNADE, s. f. — Cassonade. Ancienne forme. « J’ay dit dans mes Observations sur la Langue Françoyse, que le plus grand usage étoit pour castonade, mais que je ne blâmois pas ceux qui disoient cassonade. » (Ménage.)

CASUEL, ELLE, adj. — Fragile. La vertu des femmes n’est casuelle, disait mon maitre d’apprentissage. Aujourd’hui on fait des assiettes minces comme de papier pelure, des verres mousseline que n’ont que l’âme. C’est si casuel que ça se casse tout seul, si l’on a le malheur de les regarder de trop près. — Casuel n’est pas, comme un vain peuple pense, une corruption de cassant ou cassable. Casuel, en métaphysique, se dit de ce qui dépend des cas, des accidents. Or, rien ne dépend plus des accidents qu’une porcelaine trop fragile.

*CATAPLAME, s. m. — Cataplasme.

CATI, IE, adj. — Se dit des cheveux embrouillés. C’est le participe de catir au sens ancien : « Catir, serrer, presser, faire adhérer ensemble (car c’est un terme de tisserand), » dit Cotgrave. — De coactus, pressé.

CATOFLE, s. f. — Pomme de terre. Mot resté de l’invasion autrichienne de 1815 : allem. kartoffel.

CATOLLE, s. f. — 1. « Dites birloir ». ajoute Molard. Chanoine a mis cette note fort exacte en marge de son exemplaire : « Le birloir est bien le tourniquet qui sert à retenir un châssis de fenêtre (Chanoine avait vécu au temps des châssis), mais la catolle est autre chose ; c’est un morceau de bois tournant sur un axe, qui retient fermée une porte d’armoire. Cet objet est ainsi nommé par les menuisiers. Le mot virole n’est pas non plus français en ce sens. » De catabula, machine à lancer des traits, et qui avait sans doute quelque rapport de forme.

2. Grumeau, caton adhérent. Marius, veux-tu pas mettre ton doigt dans le nez ! — P’pa, j’ai de catolles. — De catir, avec un suffixe diminutif.

3. Grateron (gallium aparine)[1]. On sait que c’est une plante dont le fruit,

  1. D’après P. Blanc, ce n’est pas le fruit du Gallium, mais celui du Lappa magna ou bardane.