Page:Le Littré de la Grand'Côte, éd. 1903.pdf/80

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

où ils font des cra, cra, cra épouvantables toute la nuit, sans pouvoir sortir, par rapport au ferblanc. Le matin venu, on les voit là, des centaines, qui jouent à paume, pour se distraire. Alors, quand votre poêle est bien pris, vous secouez la cafardière dedans. La nuit suivante, il y a autant de cafards, mais aussi ce ne sont plus les mêmes.

2. Urne électorale, parce que les bulletins y tombent comme les cafards dans la cafardière. En 1848, il y avait une cafardière au Palais Saint-Pierre. Nous allons voter, tous deux Cafagnat. Passe une dame de belle corporence, un bel immeuble. Un insolent l’aborde : Madame, pour qui vote-t-on ?Pour mon mari, répond la dame, non sans beaucoup d’à-propos. Tout le monde de rire. En sortant nous rencontrons Pocasson. Figure-toi, dit Cafagnat, que nous venons de voir un mecieu qu’a dit à une dame : « Pour qui votez-vous ! » Et la dame a répondu : « Pour mon mari. » Comme c’est drôle ! Hi ! hi ! hi !

Cafardière à cramiaux, Parlant par respect, Crachoir.

CAFETIÈRE, s. f. — Dame du cafetier, Entrons là, je te ferai voir une jolie cafetière ! — En cuivre ou en viande ! — En viande. — Alors, entrons ! On prétend que ce n’est pas français. Pourtant le lavandier a sa lavandière, le charbonnier a sa charbonnière, le limonadier a sa limonadière : pourquoi le cafetier n’aurait-il pas sa cafetière ?

CAFI, IE, adj. — Épais, tassé, bourré. Du pain cafi. Dans Caquire (1780), parodie de Zaïre, par M. de Combles, magistrat lyonnais, on trouve cette épithète (acte ii, sc. 3), mais ce n’est pas à propos de pain. Un auteur, un ouvrage cafi. Lorsque le pauvre Thierry (mort photographe) voulut se marier, on lui présenta une demoiselle fort riche, mais, au grand désespoir de ses parents, il la refusa disant qu’il la trouvait trop cafie. C’est une raison. — À Genève, clafi, surempli : un lit clafi de punaises (Humbert). — Du celtique kymri clap, clamp, monceau.

CAFOIRÉ, ÉE, adj. — Écrasé, écrabouillé, Un œuf tout cafoiré, Écrasé dans le plat. — Vieux franç. escafouré, barbouillé, devenu escafoiré, puis cafoiré, sous l’influence, parlant par respect, de foire.

Escafourer est lui-même un mot savant, dont la première partie est faite sur un radical sca, qui avait en latin la signification d’ordure, excrément. Le mot populaire, fait selon les règles, était chaufouré.

CAFORNIAU, CAFOURNIAU. — Se mettre à caforniau, Se dit quand les femmes écartent les jambes et soulèvent leurs jupes, de manière à se mettre à cheval sur le feu. — C’est fourneau, avec le préfixe péjoratif ca.

CAFOURNER (SE), v. pr. — Se chauffer en se mettant à cafourniau, et par extension, se chauffer immodérément, comme ces bonnes gens qui se tiennent à cheval sur le poêle toute la sainte journée, à seule fin qu’il ne s’ensauve pas. J’ai entendu dire à M. Chrétien, le bourreau, que c’était mauvais pour la santé, parce que cela séchait le mou. De furnum, avec préfixe péjoratif ca.

CAGE D’ESCALIER. — Ensemble des murs qui entourent l’escalier, et qui forment, en effet, une cage, depuis qu’on a trouvé le biais de faire des escaliers sans support intérieur.

CAGNARD, s. m. — Lieu bien exposé au soleil et abrité du vent du nord, par exemple dans un angle de mur rentrant : « Au caignard angulaire, dont on tire au papegay vermiforme, avec la vistempeparde, » comme dit si judicieusement le docte Pantagruel dans son équitable sentence entre les seigneurs de Baisecul et de Humevesne. C’est cagnard, adjectif, pris substantivement.

CAGNARD, ARDE, adj. — Se dit de celui qui a une sorte d’indolence caressante. Faire son cagnard, se faire caresser, se faire gâter. Le mot n’a rien du sens de lâche, que le populaire lui donne en français. — De cagne, paresse.

CAGNARDER (SE), v. pr. — Se chauffer le ventre au soleil, le chapeau sur les yeux, à l’abri d’un cagnard.

CAGNE, s. f. — Paresse. Une vieille chanson dit :

De temps en temps, la cagne, la cagne,
De temps en temps, la cagne me prend.