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dinde qui lui prendrait un grain de blé noir au bas du dos sans sauter ne serait pas cher à six francs !

CADEAU. — Les puristes proscrivaient l’emploi de cadeau au sens de présent, et Molard (1820) fait remarquer que l’Académie ne lui donne pas cette signification. Richelet (1709) a cette singulière définition : « Chose spécieuse et inutile. Au fig. Faire des cadeaux. » Trévoux (1743) ne mentionne pas le sens de présent. C’était un néologisme. L’usage a pris le dessus, et l’Académie, en 1835, donne enfin l’exemple : « Il m’a fait cadeau d’une bague. »

CADET, s. m. — 1. Nom propre donné au puiné dans chaque famille. Le puiné de mon père ne fut jamais dénommé que Cadet.

2. Personnage du théâtre Guignol, que remplissait Minne en rue Écorche-bœuf et à la Galerie de l’Argue. Guignol, Gnafron et Cadet sont les personnages types de la comédie et trois amis inséparables. Cadet n’est qu’un personnage épisodique, mais il apparait invariablement au dénoûment lorsqu’on va « licher ».

C’est le cadet de mes soucis. Très jolie locution, beaucoup plus convenable que « Je m’en f… », et qui veut dire exactement la même chose.

Les enfants bien élevés appellent ainsi leur derrière. Une petite fille dira gentiment : Je suis tombée sur mon cadet, mais je m’ai pas fait mal.

CADETTE, s. f. — Dalle étroite qui, avant l’invention des trottoirs, était placée contre la façade des maisons, afin d’en éloigner les eaux pluviales.

2. Parapet, bahut, banc en pierre de taille. Les cadettes de Bellecour : c’est la ceinture de bancs en pierre de taille qui enclôt la place sur trois côtés.

La forme primitive est pierre de cadette, pierre pour daller. Je crois qu’il faut faire remonter l’origine du nom à une distinction faite dans la carrière entre le pierre en blocs mesurée au cube, et la pierre mince, mesurée au carré ; celle-ci étant considérée comme la cadette de l’autre ; de même au billard on appelle cadette une queue plus courte.

CADICHON, s. m. — Diminutif de Cadet. Terme d’amitié. Viens-tu çà-bas, Cadichon (Cadichon est sur la suspente) ? Je te donnerai une rôtie de crasse de beurre ! — Cadichon débaroule l’échelle.

CADOLLE, s. f. — 1. Petite hutte dans les champs.

2. Tabagnon, cabinet borgne. Le père X…, le gros fabricant, qui s’était fait bâtir par le père Benoît un si beau château, disait avec notre modestie lyonnaise, lorsqu’il recevait des compliments : Euh, euh, une cadolle !..

3. Cabane des bateaux.

De catabulum, méchante étable, fosse avec toit ; lui-même dérivé de caput.

CADRE DE LIT. — Ciel de lit, à cause de la forme carrée du bâtis sur quoi est tendue l’étoffe. Ces cadres de lit sont parfois dangereux. Nous avions marié une de nos cousines. Juste la première nuit de noces, le cadre de lit tomba. Effrayés par le bruit, nous nous levâmes en hâte, et d’accourir en demandant avec angoisse à notre cousine si elle élait grièvement blessée. Oh, moi je n’ai point de mal, dit-elle, mais mon mari a le dos tout écorché.

CAFARD, s. m. — 1. Blatte. J’entendais un jour le père Mignotet causer avec le père Fumeron, qui était un grand savant : Père Fumeron, c’est-i vrai ça qu’on dit, que si le cafôs i vous arregardent le premis, ça porte malheû ? — Les anciens de chez nous y ont toujou dit. Moi, je les fisque tout de suite, rapport à ça. — Parait que quand c’est en colère, i vous piss’ au yeuz. — Manquablement. Puis, qu’i faut bien faire attention à ne pas les arregarder de trop près ! — Voua, mais y en a qui disent comme ça que ça a se qualités : c’est bon epoux. — Oh, pour être bon epoux, c’est bon epoux : rien à dire. — Vaudrait bien mieux que le cafôs i fussent pas rien tant si bon epoux, hi, hi, hi ! — Origine germanique : allem. kaefer, coléoptère.

2. Espèce de maillon (v. ce mot).

CAFARDIÈRE, s. f. — 1. Piège pour prendre les cafards. C’est une petite caisse carré long, où l’on a cloué tout le tour, au bord d’en haut, une bande de ferblanc en pente, la pente en dedans. Dans la cafardière on a mis des braises de pain, des taillons de truffes, des râclons d’hortolage, des culs de salade gâtes, enfin toute espèce de bonnes choses. Les cafards, sans se douter de rien, arrivent, attirés par la bonne odeur. Mais ils n’ont pas plutôt mis le pied sur le ferblanc, patatras, les voilà qui glissent dans la cafardière,