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ÇA. — Ça de. Charmante locution explétive qui donne un certain tour délicat à la proposition. Quoi don qu’il a, M. Bousinard, il a l’air tout chose ? — C’est ça de la Josette que le bouligue. Comme « c’est la Josette que le bouligue » serait plat et vulgaire en comparaison !

CABARET, s. m.— Cabaret à café, Assortiment de tasses, etc., ensemble le plateau qui le porte. Cabaret à liqueurs, Assortiment de carafons, petits verres, etc., ensemble le système d’étagères circulaires, fixées à un montant central, qui les porte. Ce système est aujourd’hui remplacé par une sorte de caisse ferment à clef, dont les côtés se développent, et qu’on nomme cave. Ce manque de confiance indique tout un changement dans les mœurs.

Mot français, mais tombé en désuétude. Il y a quarante ans vous alliez chez un marchand demander un cabaret. Aujourd’hui à peine saurait-il ce que vous voulez dire. On demande « un service », que le marchand vous vend et ne vous rend pas.

CABAS.— Un vieux cabas, terme injurieux, Une vieille femme. On le trouve déjà dans la Bernarde, pièce du xviie siècle. Cabas est ici employé au sens de vulva, ainsi qu’en témoigne le vieux franç. cabatz rabattu, prostituée.

ÇA-BAS, ÇA-HAUT. — En opposition à là-bas, là-haut, qui expriment l’éloignement comme çà-bas, çà-haut, expriment le rapprochement. « Et avec eulx estoient montez ça-haut, » dit le bon Paradin dans son journal. « Yl ez ben gran, encor qu’y vint ça-bas, » se trouve dans un noël patois du xviiie siècle. Ma mère se souvenait toujours d’un joli mariage qu’elle avait vu à Saint-François. En sortant, le marié voulut prendre une porte et dit à sa nouvelle épouse : Passe donc çà-haut, poison ! — Ah te m’em…nuie, je veux passer çà-bas ! Et elle prit l’autre.

CABELOT, s. m. — Petit escabeau. Le petit Jeanbroche, en face de chez nous, avait récité pour la fête de sa maman un joli compliment. Jeanbroche, lui dit mon grand, qui fa fait ton compliment ! — Je me l’ai fait soi seul. — Allons donc, t’esses ben trop petit ! — Oh, je m’ai monté sur un cabelot. — Du vieux franc. escabel, de scabellum, avec suffixe diminutif ot.

CABOCHE, s. f. — Clou à grosse tête pour souliers. J’ons fait mettre des caboches à mes grollons. De caput, parce que le clou a une grosse tête.

CABORNE, s. f. — Petite hutte dans les champs où le journalier se met à l’abri.

2. Méchante chambre, réduit borgne. Rabelais place dans la bibliothèque de Saint-Victor un ouvrage intitulé la Cabourne des Briffauts, c’est-à-dire la Caverne des Goulus, et non, comme le traduit le Duchat, le Capuchon des Moines. D’un radical germanique born qui a le sens de cavité, avec préfixe péjoratif ca.

CABOSSER, v. a. — Bossuer. Cabosser son crasse, Bossuer son chapeau. — De bosse, avec le préfixe péjoratif ca.

CABOT, s. m. — Chien de dévideuse. Race horrible. L’animal est tout petit, bas jambé, gros ventre, petite tête, pelage noir le plus souvent. Se dit péjorativement de tous les roquets. Étant petits gones, nous vimes un jour une ravissante levrette, avec un paletot de fin drap et des armoiries sur la fesse, surmontées d’une couronne de comte (ce que je connaissais pour avoir un peu lu d’un vieux bouquin qui contenait les éléments du