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brandilloire n’est pas proprement l’escarpolette, mais selon l’Acad., « des branches entrelacées ou quelque autre chose de semblable sur quoi l’on peut s’asseoir pour se brandiller. »

BRAQUE, s. m. — Un peu timbré, un peu toqué. — Dérivation de sens de braque, chien étourdi.

BRAS-NEUFS, s. m. — Un paresseux, un propre à rien. Nos voyageurs en grève, nos orateurs de réunions publiques, nos politiciens sont en partie tous des bras-neufs.

BRASSAGE, s. m. — Eh ben, père Pignard, travaillez-vous ? — Oui, mais ça ne vaut pas grand’chose, y a trop de brassage. Dialogue que vous entendrez tous les jours à la Croix-Rousse. Le brassage, c’est la transformation d’un métier, sans qu’on ait pourtant à le remonter, par exemple d’un métier qui vient de faire un façonné en huit chemins (voy. ce mot) et qui doit faire un autre façonné en six chemins.

BRASSÉE, s. f. — Terme de nage. Faire une brassée, c’est ramener le bras contre le corps, puis le retirer avec grâce de l’eau, l’étendre et battre l’eau avec la main creuse. On dit plus élégamment battre ses agottiaux.

BRASSE-ROQUETS, s. m. — Nom un peu dépréciant que l’on donne aux petits commis de fabrique.

BRAVOURE, s. f. — Qualité de l’honnête homme. Il est la bravoure même. Le franç. a fait bravoure sur brave dans le sens d’homme brave, et le lyonn. sur brave dans le sens de brave homme.

BRAYER, v. a. — Brayer le chanvre, Le tiller. C’est le vieux franç. brayer, qu’on trouve encore dans Cotgrave au sens de broyer.

BRAYES (bra-ye), s. f. pl. — Culottes. Vieux franç. « Nos libertés auront peine à sortir d’ici les braies nettes, » dit Molière. Ce mot a l’avantage d’être plus distingué que culotte dont le radical est pénible à prononcer devant des dames.

BRÉCANIÈRE, BRANCANIÈRE, s. f. — Sorte de filet dont le manche se divise en deux branches. — Du type qui a formé le franç. branche.

BRÈCHE, s. . — Brèche de miel. Rayon de miel. C’est le vieux franç. bresche, de ruscum, ruche, lui-même d’origine celtique : rusk, rusg, écorce, parce que les ruches étaient primitivement en écorce.

BREDIN, s. m. — Niais, sot. Faire le bredin, Faire la bête. — Du radical qui a formé le français bredouiller.

BREDOUILLE, s. f. — Ventre. — Vieux franç. bredaille, en rapport avec breuilles, entrailles de poisson ; buille, entrailles ; de botulus.

BREDOUILLON, s. m. — Un homme qui ne sait ce qu’il fait, qui n’a ni consistance ni parole. — De bredouiller, avec le suffixe on, comme dans barbouillon, bousillon.

BRÉSIBILLE, s. f. — Bisbille, Molard dit inexactement bresbille. Aussi, dans un exemplaire de l’édition de 1803, que je possède, et qui a appartenu à l’imprimeur Chanoine, celui-ci a-t-il mis un petit i sur le mot, pour indiquer la correction.

BRESSAN. — Long, lourd, lent, lâche. Proverbe allitéré. On sait que chaque pays daube sur ses voisins.

BRETAGNE, s. f. — Plaque de fonte qui se met au fond de l’âtre d’une cheminée pour défendre le mur de l’action du feu. La duchesse de Berry fut prise à Nantes, en 1851, derrière une bretagne qui dissimulait une cachette de trois pieds et demi de long sur dix-huit pouces de large. La duchesse resta là dix-sept heures avec trois personnes et une presse portative. Le supplice était horrible, mais le pis fut que les gendarmes qui gardaient la pièce eurent froid et firent du feu. « La plaque devint presque rouge, dit la duchesse : ma robe, en contact avec elle, était déjà brûlée en plusieurs endroits, et nous fûmes heureux de pouvoir prévenir cet incendie avec nos mouchoirs imbibés de pipi… » Enfin il fallut se rendre.

Le mot est très ancien à Lyon, car on le retrouve dans l’Inventaire, de Monet, 1636. Origine inconnue.