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et qui vient de budelliosus ? Le surnom aurait-il été donné par raillerie, à cause de la maigreur des montagnards, ou au contraire parce qu’ils se gonflent le ventre de raisins ?

BILLE, s. f. — Barre de bois servant à biller. On dit plus volontiers tavelle.

BILLER, v. a. — Serrer le chargement d’une voiture.

BILLET. — Je vous fiche mon billet que… Métaphore tout à fait convenable à une ville de commerce pour dire : « Je vous assure que… » Dans la pratique, on n’est pas obligé de dire fiche. Quand on veut renforcer l’expression on dit « Je te vous fiche… » — Je te vous fiche mon billet que la Joséphine de chez la Ficelle, c’est pas rien, me disait mélancoliquement un camarade froissé dans ses illusions d’amour.

BINET, s.m. — Bobèche avec une tige creuse que l’on insère dans le chandelier. La bobèche porte une pointe qu’on fiche dans le bout de chandelle trop court pour brûler dans le chandelier. Manière de faire des économies de bouts de chandelles. À Neuchâtel, cela s’appelle une ménagère. — De binus, double, parce qu’on bine ainsi la chandelle : on l’use en deux fois.

BIQUER, v. a. — Donner un baiser. Biquer la relique, Baiser la relique. Dans une chanson de Revérony sur la prise de la Bastille, on lit :

Los penons de notre ville,
La municipalita,
Par biacoup nous fare rire,
Se sont achemina,
Charchant partout la Bastille.
Y l’ant enfin trouva,
Et par biqua la reliqua,
Je l’os ons vu s’avainça.

Il faut savoir que Chalier avait rapporté de Paris une pierre de la Bastille et qu’il la faisait baiser comme une relique aux Mathevons. Quand à los penons, c’est le nom de l’ancienne garde bourgeoise de Lyon que Revérony applique à la garde nationale.

Biquer la relique sans feuille. Pour éclaircir cette locution obscure, voici un exemple : À l’heure où j’écris (avril 1889), M. Rocbefort est après baiser la relique sans feuille à M. Boulanger.

BISCUIT. — Papier à biscuit. Papier sur lequel le pâtissier a mis à cuire les biscuits, et auquel il en est resté quelque peu d’arrapé. Les gones qui l’achètent, un liard la feuille, quatre pour un sou, lui ont donné le vilain nom de lèche-c.. « M’cieu le briochier, pour un sou de lèche-c.., siouplaît. » Pas moins c’est un joli dessert.

BISE. — Proverbe :

Quand il pleut de bise,
Il pleut jusqu’à la chemise.

BISET, s.m. — Vent coulis. Diminutif de bise.

BISQUE, s. m. — Pays-nostre. Indigène des Basses-Alpes, comme le Bedos du Vivarais, le Ponaud du Puy, le Gagat de St-Étienne, le Caladois de Villefranche, etc. Bisque se disait surtout des colporteurs (appelés encore culs-blancs et margoulins) pour autant qu’ils étaient en partie tous des Basses-Alpes. Il y avait jadis à Lyon d’importantes maisons de blanc et de rouennerie dont la clientèle n’était rien que de bisques. Les chemins de fer, en faisant arriver les commis-voyageurs jusque dans les endroits où l’on ne pénétrait qu’à dos de mulet, ont tué les margoulins.

Les Bisques sont-ils ainsi nommés parce qu’ils bisquent ou parce qu’ils font bisquer ?

Quel Gapian divin sondera l’Insondable ?

(Légende des Siècles.)

BISSÊTRE, s. m. — Malheur. Porter bissêtre, Porter malheur. — T’esse un bissêtre, Tu es un emplâtre. — De bi-sextus, parce que l’année bissextile était censée porter malheur.

BISTANCLAQUE-PAN, s. m. — Bruit que fait le métier de façonné. On dit quelque fois bistanclaque seul. Hélas, c’est la meurte : on n’entend plus le bistanclaque. Onomatopée. Pan représente le coup de battant.

BISTANQUIN, s. m. — Vareuse de femme. — Cette pillandre est allée dire dans tout le quartier qu’i m’avait donné ce bistanquin. — Si on peut comme ça compromettre une pauvre créature ! (Guignol). Ce mot me paraît un assemblage de syllabes péjoratives (bis est très péjoratif. Comparez le patois biscambillé, biscornu, bistaud, Bismarck) avec une finale par analogie avec casaquin.