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vous avoir benouillé, mais ce n’est que l’eau de mon canari ! — Mon ami flaire la manche de sa lévite : Vous le nourrissez donc aux asperges, votre canari !

D’une onomat. ouille, exprimant le rejaillissement de l’eau, et d’une première partie à caractère incertain.

BÉQUILLON, s. m. — Petit morceau. — Diminutif de becquée.

BERCHU, UE, adj. — 1. Brèche-dents

2. Ébréché, Un tupin berchu. — Berchu pour brechu, de brèche.

BERGÈRE, s. f. — Espèce de bergeronnette.

BERLAN, s. m. — Brelan. C’est la prononciation qui était encore admise à la fin du xviie siècle, concurremment avec l’autre.

BERLOQUE. — Battre la berloque. Divaguer, déménager. — D’après l’Académie, Littré, Bescherelle, Larousse, Nap, Landais, la berloque est une batterie de tambour pour appeler à la soupe. Mais mon neveu Georges C…, qui a été soldat militaire, m’affirme que c’est une batterie pour rompre les rangs. J’en crois mon neveu Georges C…, d’abord parce que c’est mon neveu, puis parce que l’idée du désordre, de la confusion des rangs, explique très bien le sens figuré.

On dit aussi battre la breloque, et c’est bien à tort que le bon Littré y voit l’idée de taper sur une breloque. Breloque est ici pour berloque comme brelan pour berlan.

BERNIQUE. — Interjection pour exprimer la déconvenue. Le père Cacapouille, de la rue des Farges, n’avait jamais eu de chance. À force de protections, qu’il me disait, on m’avait promis une bonne place. C’était, parlant par respect, pour ramasser le crottin le long du chemin de fer. Arrive un changement de ministère, bernique !

BERTE, s. f. — Récipient de ferblanc, dans lequel les laitières ont accoutumé de renfermer le lait, ou l’eau et le lait qu’elles portent à leurs pratiques. Au fig. ces

Deux sources d’où la vie humaine
En ruisseaux d’amour doit couler.
(Lamartine.)

Comment que te trouves c’te dame ?

— Bigre, elle a de fameuses bertes !

Berte serait du celtique et signifierait pot, tupin. Le nom est resté au récipient de ferblanc. (Mami Duplateau.)

BERTIN, s. m. — Coiffe de nuit. Vieilli. — Au moyen âge, bertin était un nom proverbial de femme. Bertin, coiffe, est-il venu du nom propre, comme on dit une ninon, un bolivar, une paméla ?

BERTON, s. m. — Petit pot pour la soupe. — Diminutif de berte, ou mieux du patois berta, grand pot de terre.

BESACE. — Bascule à besace. Voy. bascule.

BESOIN. — Besoin de prendre. Euphémisme délicat qu’emploient les dames pour ne pas dire faim ou appétit, ce qui serait grossier. Je connais une dame qui, lorsqu’on lui demande si elle est disposée à manger, répond invariablement : Je n’ai pas faim, mais j’ai besoin de prendre. Comme cela, elle n’a jamais faim, mais toute la journée elle a besoin de prendre.

Faire ses petits besoins. Suffit.

J’en ai de besoin pour « J’en ai besoin ». Locution vicieuse très usitée et qu’emploie même Rousseau. Au fond, c’est un archaïsme qu’on rencontre au xvie siècle. Avec assez et tant, la locution est encore correcte : J’en ai tant de besoin.

BESSARD (RUE DU). — C’était le nom d’une rue qui occupait à peu près l’emplacement de la rue Constantine actuelle, de la rue Lanterne à la Pêcherie : longiôle étroite, tordue, infecte, toute emboconnante de l’odeur des cuirs frais provenant de la boucherie voisine, que l’on voyait suspendus à tous les étages qui servaient ainsi de séchoirs, tandis que sur le pas de la porte de chaque rez-de-chaussée se tenaient d’horribles filles de joie, généralement en train de tricoter.

L’ancien nom était Bessal. — 1472 : « Payé à Guérin Triccaud, sergent royal, pour avoir ajourné ceux du Bessal, qui avaient fait leurs chambres aisées encontre la muraille de la ville, pour les faire ôter et ordonner qu’ils n’y soient plus. » La rue, en effet, devait suivre l’ancienne muraille. Quant aux « chambres aisées » c’est un euphémisme heureux qui se comprend de reste. De baisser, plus suff. al (lat. ale), devenu ar, comme dans canal devenu canar en patois. Le d final est une addition analogique.