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Un torchon de pain, Un gros carrichon de pain. — Du vieux lyonn. torche, sorte de pain, lui-même de torcare, pour torciare, sans doute parce que le pain avait une forme de tresse. Comp. tourte, de torta.

Se donner un coup de torchon, Se donner une tatouille.

Le torchon brûle. Se dit d’une brouille, d’une picoterie dans le ménage. — Curieuse métaphore, dont l’origine est difficile à expliquer.

TORDEUSE, s. f. — Ouvrière chargée de tordre (voy. ce mot).

TORDRE, v. a. — Tordre le nez à quelque chose, Refuser de le faire, ou ne le faire qu’avec répugnance. Le pipa a tordu le nez à ce mariage… Fallait cracher au bassinet, M. Crassaud a tordu le nez.

Ne faire que tordre et avaler, Manger avec une telle faim qu’on ne prend pas le temps de mâcher.

Terme de canuserie. Opération qui consiste à lier, en le tordant et en l’imprégnant de gomme, chacun des fils de la chaine qui finit à chacun des fils de la chaine que l’on va commencer à tisser.

TORDU, UE, adj. — Mort, te. Le pauvre b… est tordu.

TORMENTINE, s. f.— Potentille, tormentille, plante dont la racine contient du tannin, et qui était autrefois très employée par le peuple.

TORT. — Faire tort à ses connaissances. Euphémisme pour Montrer, par ses paroles ou par sa conduite, son ignorance en telle ou telle matière. À table d’hôte : La mère d’Henri IV était bien Jeanne d’Arc ? — Monsieur, vous faites tort à vos connaissances ; c’était Jeanne d’Aragon.

TORTILLER. — Se tortiller, en marchant. Cette expression, signalée par Humbert comme incorrecte, est absolument française au même titre que Ce ver se tortille, exemple donné par l’Académie dès 1835.

Tortillez-vous donc,
Mam’sell’ Susette,
Tortillez-vous donc sur vos rognons !

dit une de nos vieilles chansons populaires.

Tortiller des fesses (parlant par respect), Reculer, renacler. Allons, faut pas tortiller des fesses ! Faut dire à la femme que te vas avè de z’amis, et que te rentreras pas ce soir avant neuf heures.

TORTILLONS, s. m. — Tordions, torsions. J’ai des tortillons dans le ventre, J’ai des coliques avec la sensation de torsions.

TÔT-FAIT, s. m. — Sorte de gâteau, rapidement cuit, dont l’origine est, je crois, dauphinoise.

TOUR, s. m. — Faire son grand tour, son petit tour. Voy. faire.

En un tour de main, En aussi peu de temps qu’il en faut pour tourner la main. Pourquoi blâmer, ô Molard, cette expression si naturelle ? « Dites : En un tourne-main, » ajoute-t-il. L’un et l’autre sont bons, quoique, je l’avoue, j’aie un faible pour tournemain, devenu un peu archaïque.

Plus souvent qu’à son tour, Très souvent. Le Tony va-t-i quèquefois chez la Rosa ? — Il y va plus souvent qu’à son tour.

TOURMENTE, s. m. — So dit d’une personne qui vous harcèle de ses importunités, de ses insistances. Mon Guieu que ce gone est don tourmente ! I veut toujours savoir à quoi que l’on connait le fenne de le z’hommes quan i sont pas habillés ! — Subst. verbal de tourmenter.

TOURMENTE-CHRÉTIEN, s. f. — Même sens. On a déjà eu l’occasion de remarquer que chrétien s’entend de l’homme en général (voy. chrétien). Ce mot de tourmente-chrétien se retrouve dans la basse Auvergne, dans le Piémont, et jusqu’à Gênes. Chez nous, l’idée d’homme ou de chrétien a disparu sous l’idée générale de tourmenter, et quand je turlupinais le chat, mon père ne manquait jamais de me traiter de tourmente-chrétien.

TOURMENTINE, s. f. — Térébenthine. Vieilli. — Vieux franç. tourmentine, de terebenthina, par la marche suivante : trebentine, trementine, termentine, tourmentine.

TOURNE, s. f., terme de jeu de cartes. — La Retourne. Quelle est la tourne ?