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de la fabrication ; — 2° Le rouleau de devant sur lequel s’enroule l’étoffe fabriquée au fur et à mesure de sa fabrication. Par ainsi un rouleau grossit tandis que l’autre diminue.

Le rouleau de devant grossit, elle va d’abord rendre. — Se dit d’une femme près d’accoucher.

Rouleau à rendre. Inconnu de mon temps. On pliait la pièce pour la rendre, mais les marchands, depuis environ vingt-cinq ans, exigent qu’on rende sur un rouleau ad hoc. Ils disent que c’est pour que la pièce n’ait pas de plis. Les canuts disent que c’est pour leur faire peter un mètre sur une pièce de 60 à 80 mètres. On continue à rendre pliés les velours et les peluches. Règle : le canut porte le rouleau avec la pièce sur l’épaule ; la canuse le porte sous le bras.

Rouleau de façure. Toujours des inventions ! Dans mon temps, lorsque le rouleau de devant avait trop grossi, de manière que la façure ne fût plus de niveau, on remontait le remisse, comme les femmes font élargir leurs robes quand leur rouleau de devant grossit trop. Maintenant on commence par placer la chaine et le remisse plus haut que le rouleau de devant, et l’on place sous la façure, de niveau avec la chaîne, un petit rouleau sur lequel glisse l’étoffe. Par ainsi, une partie de la façure est toujours de niveau, tandis que la partie antérieure a une inclinaison qui va diminuant à fur et à mesure que grossit le rouleau de devant.

ROULER, v. a. — Rouler quelqu’un, Le tromper, lui faire du tort, le duper. Probablement de l’idée de rouler quelqu’un par terre ensuite d’une lutte.

Rouler le bois, Jouer aux boules. Vieille expression française.

ROULETTE, s, f. — Décamètre ou double décamètre, très employé dans le bâtiment, et formé d’un ruban en toile gommée qui s’enroule à l’intérieur d’une petite boîte de cuir en forme de roulette ; d’où le nom.

Comme sur quatre roulettes. Très bien, parfaitement. As-tu bien dormi ? — Oh ! comme sur quatre roulettes ; ce qui est vrai après tout, si l’on songe aux roulettes du lit.

ROULEUR, s. m. — Des rouleurs, Des rôdeurs de nuit.

ROULIÈRE, s. f. — Grand manteau en laine et en crin, en usage chez les voituriers. — De roulier. La roulière devrait être la femme du voiturier. Aussi le nom du manteau était-il logiquement roulier + ière, rouliérière, qui, impossible à prononcer, s’est réduit à roulière.

ROUPE, s. f. — 1. Grand et long pardessus, dans le genre de ce qu’on appelle aujourd’hui une gâteuse.

2. Manteau à manches. — Du vieux haut allemand roub, « spolium », qui a fait la roupille, vêtement espagnol.

ROUSTE, s. f. — Raclée, rossée. Il lui a flanqué une bonne rouste. Ne pas confondre avec roufle, qui est de l’ignoble argot des voleurs. Rouste nous vient du provençal rousto, même sens. Rochegude donne le vieux prov. roesta, ravage, mais j’ignore où il l’a pris, et ne sais pas davantage à quoi le rattacher.

ROUTE. — En route, mauraise troupe ! Gracieux dicton que l’on répète lorsqu’on se met en marche avec des amis, et qui n’a, je crois, d’autre raison d’être que la consonpance oute-roupe.

ROYAUMECôté du Royaume. Voy. Empire.

Rendre son royaume. Voy. rendre.

RUBAN. — Un ruban de queue. Se dit d’une chose qui paraît interminable, par exemple lorsque l’on voit devant soi une route très longue. Quand je vis ce ruban de queue, ça me mit le désespoir dans les canilles. — De ce que le ruban que l’on enroulait autour de la queue, en vous coiffant, était mince et extrêmement long.

RUBIS, adj. — Ne s’emploie que dans cette expression : Du pain rubis, Du pain sec et dur. — C’est re-bis, du pain deux fois bis.

Rubis sur ongle.Il paie rubis sur ongle, À l’heure sonnante. L’origine de cette locution est bizarre. Faire rubis sur l’ongle, c’est vider la dernière goutte de son verre sur l’ongle et la lécher. Payer rubis sur ongle, c’est payer jusqu’au dernier liard de la dette, comme on boit la dernière goutte du vin. — On dit aussi rubis sur oncle.

RUE. — En rue Mercière. Voy. en.