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REVOLLON, s. m. — Petit repas, petite fête. Se réunir pour manger des châtaignes rissolées et boire du vin blanc, c’est faire un revollon. — Du patois revolla (de revolare), repas que l’on donne, après la récolte, aux ouvriers qui l’ont cueillie.

RÉVOLUTION, s. f. — Bouleversement. Se faire une révolution, Se tourner les sangs.

REVONDRE, v. a. — Enterrer, recouvrir. — De refundere.

REVONDU, UE. — Partic. passé de revondre. I z’aviont revondu c’t argent pendant la guerre.

REVORGE. — À revorge, En surabondance, à regonfle. C’te année y aura de z’ambricots à revorge. — De vorticare, de vortex, tourbillon, affluence d’eau excessive.

REVOUGE, s. f. — Tourbillon d’eau. On dit plus communément moye. — Subst. verbal de revolvicare, fréquentatif de revolvere.

REVOURSE, s. f. — 1. Fosse que l’on creuse sur le bord d’un champ ou d’un jardin et où l’on enfouit les cailloux.

2. Fosse où l’on dépose de jeunes plants (couchés obliquement, de manière que le feuillage reste à l’air) pour empêcher les racines de sécher, en attendant la plantation. On appelle aussi cette opération Mettre les plants en nourrice. — De revorsa, de vorto, au sens de terre enlevée, extraite. Le mot, par métonymie, s’est appliqué à fosse.

REVOYANCE. Voy. revoyure.

REVOYURE, s. f. — À la revoyure, Au revoir. Expression qu’on ne manque jamais d’employer en se serrant la main au départ. Beaucoup disent À la revoyance. Les deux façons de parler sont correctes. Des puristes poussent le scrupule jusqu’à faire une différence dans l’emploi de ces termes. À la revoyure s’adresse à une seule personne : À la revoyure, ganache !À la revoyance s’adresse à plusieurs : À la revoyance, les gones !

REVUE, s. f. — Nous sons des gens de revue, Des gens qui auront occasion de se revoir. On dit aussi des gens de revoir. Enfin quelques-uns disent des gens de revision.

RHABILLAGE, s. m., terme de canuserie. — Opération qui consiste à raccommoder, à l’aide du roquet de jointe, un fil cassé de la chaine. — De rhabiller.

RHABILLER, v. a. — 1. Terme de canuserie. Raccommoder un fil cassé. — Du français habiller (du latin habile) au sens d’arranger, mettre à point ; d’où rhabiller, réparer.

2. Rebouter, remettre les membres disloqués. Même étymologie.

RHABILLEUR, EUSE, s. — Celui ou celle qui remet les membres disloqués ou luxés, réduit les entorses, etc. Le rhabilleur tient une grande place dans l’opinion populaire, et le développement de l’instruction ne la lui diminue pas. Des gens de la plus haute bourgeoisie ont dans les rhabilleurs une foi invincible. Un homme qui guérit, sans avoir rien appris, a en soi quelque chose de miraculeux qui attire bien autrement qu’un médecin qui guérit (ou ne guérit pas) parce qu’il a pris la peine d’apprendre. Les rhabilleurs font parfois bien du mal. L’un d’entre eux avait fait mettre à ma mère un emplâtre sur le poignet, qui faillit avoir les conséquences les plus graves. D’autre part ils peuvent rendre des services, le massage étant parfois un secours précieux. Un jour que je descendais le Rhône en batenu à vapeur, entre Avignon et Beaucaire, des colis mal gerbés s’écroulèrent et luxèrent l’épaule d’une femme. On fut quérir le patron qui était à la barre, lequel savait rhabiller. Il se fait remplacer, descend au salon où l’on avait mis la patiente, et lui tirepille tellement l’épaule qu’il remet les choses en place.

RHUME. — Te tousses ben tant ! T’ess’ enrhumé ? — C’est un rhume de matelot. C’est-à-dire qui m’emportera. On dit d’autres fois : C’est un rhume de matelot, qui part avec le bâtiment.

RIBOTTE, s. f. — Mettre en ribotte, Mettre en désordre, pêle-mêle, abimer. Qui don qu’a mis cette soie tout en ribotte ? « Son n’ouvre (ouvrage) est mis en ribotta, — Per los sôles grapignans (maltôtiers), » dit une chanson de Revérony. — Du franç. ribotte, débauche, pris au figuré.

RICHE. — C’est un riche temps. Se dit d’un temps qui favorise les fruits de la terre. Il pleut depuis hier. Après cette sécheresse, c’est un riche temps.