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maladie, avec sens diminutif. Son père était un peu truffier, et il en a un retinton. — Du vieux provençal retint, retentissement, subst. verbal de retinnitire, retentir.

RETIRER, v. n., avec la proposition de. — Ressembler. Ce mami retire de sa grand, Cet enfant ressemble à sa grand’mère, tient de sa grand’mère.

RETOUR, s. m. — Employé par les personnes distinguées pour renvoi. J’adore l’ail, comme mon mari, me disait un jour une aimable dame, mais il me donne des retours.

RETOURNER, v. a. — Quand j’ai vu le feu sortir par la fenêtre, ça m’a retourné le sanque. On dit encore plus élégamment Ça m’a retourné les sanques.

V. n. — Je n’y retournerai plus ! Je ne ferai plus cette faute. — Suivi d’un infinitif : Que ça ne te retourne plus arrriver ! Ces locutions expressives sont tellement en usage chez nous, qu’à propos des élections au conseil des prud’hommes de juillet 1882, j’avais le plaisir de lire dans un grand journal de Lyon, très frotté de littérature : « Les citoyens Romain, Brosse, Dufour, ont été jugés dignes de retourner prendre dans le conseil la place qu’ils y ont si dignement et si utilement occupée. »

RÊVATION. — Être en rêvation, Être en état de rêve.

Su ma banquette, su ma banquette,
Je suis souvent en rêvation…
(Chanson canuse.)


REVENDEUR. — Revendeur de gages. Voyez gages.

REVENGE, s. m. — Revanche, représailles. M. Vulpillat s’oyant fait mal aux…, i vous prie de remettre son revenge à dimanche prochain, disait le digne Exbrayat aux Arènes lyonnaises. — Subst. verbal de revenger. Le mot est vieux : « Nostre mattois s’offre à faire l’office, ayant enuie d’auoir sa reuenge, » dit le bonhomme Bouchet.

REVENGER (SE), v. pr. — Se revancher, user de représailles, se venger. C’est du vieux franç. « L’un fiert et l’autre se revenge, » dit la Consolation de Boëce (dans du Cange).

REVENIR, v. n. — 1. Plaire, être agréable. Cette femme vous a un visage qui revient. — Revenir est ici pour prévenir. Un visage qui prévient (en sa faveur).

2. Donner des renvois. Ce chaircuitier a mis trop de z’hauts goûts dans sa cochonnaille ; elle me revient.

Faire revenir de l’eau, La faire chauffer légèrement. L’idée est : la faire revenir de l’état froid.

RÉVÉRENCE, s. f. — Parlant par respect, Révérence à c… ouvert. Voy. c…

Révérence fendue, même sens.

Révérence à trois étages, Profonde révérence. C’était la révérence de nos grand’mères.

REVIRE-MARION, s. m. — 1. Gifle, rebiffarde. Le Grégoire a voulu faire le joli cœur avec la Naïs, mais elle te lui a atousé un revire-marion !

2. Changement brusque, revirement. On le trouve en ce sens dans Brantôme : « Un autre revire Marion de fortune. » C’est le sens primitif ; puis on a vu dans le mot l’idée de Marion qui se retourne, et gifle celui qui voulait l’embrasser. — Probablement de revirement, qu’on aura trouvé comique de transformer en revire-Marion.

REVOIR. — Il y a de quoi se revoir. Se dit : 1° d’un plat très abondant ; — 2° d’une grosse femme. Voy. reprendre.

« Je n’aurai besoin de votre manuscrit qu’à la fin de l’année. — Tant mieux, j’aurai au moins le temps de me revoir ! » On dirait aussi : J’aurai le temps de me retourner. Toutes ces locutions très claires pour nous, qui en usons au jour la journée, sont obscures par rapport à leur formation logique.

Des gens de revoir. Voy. revue.

REVOLLE, s. f. — 1. À la campagne, c’est le repas qu’on donne aux ouvriers après la récolle (voy. revollon) ; à Lyon, c’est le rendement de noces (voy. rendement). Faire la revolle.

2. Terme du jeu de la manille. Faire la revolle, c’est faire l’impasse ; c’est-à-dire qu’au lieu de prendre de la manille, on prend du roi.

REVOLLION, s. m. — Un revollion d’eau, Un tourbillon. — De revolare.