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QUOIQUE. — Quoique ça, adv., Malgré cela, néanmoins. Il est riche, quoique ça il n’est pas heureux. Locution si répandue chez nous, qu’un de mes amis, fort lettré, ne pouvait se figurer que ce ne fût pas du français académique. Joseph Pagnon, qui était Lyonnais dans les moelles, écrivait de Paris à son père : « Ici, on vit comme des oies en cages : je n’entends ni le bruit du vent dans les arbres, ni rien. Quoique ça, je voudrais bien que vous puissiez jeter un coup d’œil sur Paris. » (Lettres et Fragments.)


R


RABATER, v. n. — Remuer, faire du bruit, La forme tarabâter est plus usitée. — De Rabes, nom du démon dans la mythologie scandinave. — Vieux franç. rabaster, faire du bruit comme les esprits dans les maisons.

RABAT-JOIE, s. m. — Se dit d’une personne qui, ayant autorité, en use avec sévérité pour empêcher les amusements, surtout les amusements bruyants ou peu convenables. La Nastasie voulait aller à la vogue de la Guillotière. Elle avait compté sans la mère Rabat-joie, sa m’man, qui l’a fermée à clef.

RABATTRE, v. a. — Rebattre, dans des phrases de ce genre : Auras-tu bientôt fini de me rabattre les oreilles de tes plaignarderies ? On comprend très bien la substitution de rabattre à rebattre. Rabattre les oreilles, c’est les rendre basses, les aplatir par la répétition comme par des coups. Ainsi entendu, c’est une métaphore comme une autre.

RABEAUSIR (SE), v. r. — Le temps se rabeausit, Se remet au beau.

RABI. — Au rabi-soleil, loc. adv. À la rage du soleil. — Fait sur rabiem, en ajoutant le mot soleil. L’expression nous est venue du Dauphiné.

RABIBOCHAGE, s. m. — Action de remettre en état une chose abîmée. — De rabibocher. Comp. raccommodage, de raccommoder.

RABIBOCHER, v. a. — Remettre en état une chose abîmée. I manque trois baleines à mon parepluie, le taffetas est use, et le manche est cassé. Je vas tâcher de le rabibocher. — Paraît être le même mot que rabobillonner, avec métathèse des voyelles i et o et substitution d’un suffixe comique.

RABISTOQUER, v. a. — Raccommoder tant bien que mal, remettre en état un objet cassé, disloqué. — Du vieux franç, toquer, toucher ; avec deux préfixes : ra, qui est réitératif, et bis, qui est péjoratif.

RABLÉ, ÉE, adj. — Qui a le râble épais, solide. Molard veut qu’on dise rablu, qui, en effet, est meilleur ; mais le « lyonnaisisme » a eu le dessus, et, dans sa dernière édition, l’Académie a dû inscrire : « On dit aujourd’hui plus généralement Râblé. »

RABOBILLONNER, v. a. — Même sens que rabistoquer. — Vieux franç. bobelin, savetier, puis, par extension, chaussure à l’usage du peuple, d’où rabobeliner, raccommoder tant bien que mal, qu’on trouve dans Cotgrave, et rabobillonner, par substitution d’un suffixe en analogie avec carillonner, etc.

RABOUIN (LE). — Le Diable. Mot recueilli par M. Aniel. J’ai un vague souvenir de l’avoir ouï dans mon enfance. Vieux ital. Rabuino (Oudin). Le mot doit avoir été importé par l’immigration italienne au xve-xvie siècle.

RABOULAUD, s. m. — Homme gros et court. Maman, je ne veux pas d’un raboulaud, disait Mlle de X…, à qui l’on voulait faire épouser M. de Z…, le sportsman bien connu, j’aime encore mieux un picarlat.