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Les femmes pleurent comme elles pissent, C’est-à-dire qu’elles pleurent avec la plus grande facilité, sans y attacher d’autre importance.

Une agréable chanson de gones, que l’on chante à ceux qui ont la malheureuse infirmité d’uriner au lit :

Pisse-en-lit,
Pisse-en-paille,
Le balai au coin du lit,
Pour fouetter le pisse-en-lit.

Tout bon Français pète en pissant, proverbe patriotique qui se prononce toutes fois et quantes que l’application en est motivée. Un Français qui pisse sans péter, c’est un régiment qui défile sans trompette. Même observation.

PISSERETTE, PISSEROTTE, s. f. — Filet d’eau qui tombe d’un rocher, d’une petite fontaine fluente. Dans ma propriété de Montpouilleux, j’ai une cascade. — Tu veux dire une pisserette. On trouve au xve siècle Pisserotte, petit ruisseau, rigole.

PISSE-VINAIGRE, s. m. — Épine-vinette, berberis vulgaris. — Corruption fort étrange d’épine-vinette. Le goût acide des baies a d’abord fait transformer vinette en vinaigre ; puis épine-vinaigre ne voulant rien dire, on a compris que de manger de ces baies faisait uriner acide. D’où pisse-vinaigre.

PISSE-Z-YEUX, s. m. — Libellule, agrion vierge. De la croyance peu fondée que l’insecte, pour se délivrer de la poursuite de l’homme, lui seringue dans les yeux une liqueur corrosive.

PISSOIR, s. m. — Urinoir public. D’un emploi plus fréquent que pissotière, qui est parisien. Te sais pas, on vient de monter un pissoir au clos Jouve. — Manquablement, c’est les joueurs de boule qu’auront fait une impétition. — Faut croire.

PISSOIRE, s. f. — Canule de bois sous un cuvier à lessive, ou sous un vaisseau quelconque, et aussi le conduit par lequel découle l’eau d’une fontaine. Dans Palissy, on trouve pisseure, jet d’eau.

PISSOTIÈRE, s. f. — Please to button your breeches before leaving, lit-on en Angleterre sur les murs de ces utiles établissements.

PISTOLE, s. f. — Monnaie de compte représentant dix francs. Ce chiffre était, par un édit de 1652, la valeur officielle de la pistole espagnole qui avait cours en France. Le mot s’emploie encore quelquefois dans nos campagnes, mais il s’est complètement perdu à Lyon.

PISTONNER, v. a. — Importuner, harceler. Le marquis, à son ami : Y a la marquise qui me pistonne depuis trois mois pour que je la mène au café chantant.La marquise : Que veux-tu, je le belette !

PISTOUFLE, s. m. — Un gros homme essoufflé. Par extension, un homme lourd, maladroit. S’emploie surtout avec l’adjectif gros : un gros pistoufle. — Sorte d’onomatopée. Il semble que pist soit l’onomatopée du sifflement de la poitrine pendant l’aspiration ; et oufle celle du bruit de l’expiration.

PITAUD, s. m. — Enfant de l’hospice de la Charité. — Rien de commun avec le franç. pitaud, rustre, grossier. C’est plutôt, au contraire, un terme de commisération. Du radical dont est sorti petit, patois pitit, avec le suffixe aud, qui n’a pas ici le caractère péjoratif ordinaire, ou qui l’a perdu.

PITIÉ. — Mon Dieu, ayez pitié de moi, et jetez des pierres aux autres ! C’est la prière des bonnes catolles.

PITROGNAGE, s. m. — Action de pitrogner itérativement.

PITROGNE, s. f. — Subst. verbal de pitrogner. Notre petite apprentisse disait un jour : M. Paillardon (c’était un voisin) il est fort pour la pitrogne.

PITROGNER, v. a. — Patiner de façon malpropre et grossière. Cadet, veux-tu bien ne pas pitrogner ton pain comme ça ? Manie donc ton pain plus proprement. — On avait marié Mlle X…, d’une honorable famille bourgeoise, bien connue à Lyon. Le soir de ses noces, son mari voulut lui témoigner son amour par quelques caresses. Monsieur, lui dit-elle aigrement, aurez-vous bientôt fini de me pitrogner comme ça ? (Historique.) — De pisturire, avec substitution d’un suffixe fréquentatif et péjoratif.