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Chatrian, qui la met, au xviiie siècle, dans la bouche d’un soldat.

PIPER. — Ne pas piper mot, Ne pas dire pipette. — On a comparé le mot à une bouffée de pipe.

PIPI, s. f. — Pépie. Ne pas avoir la pipi, Bien boire. Donne-moi vite un pot de vin, ou je vas prendre la pipi. À l’inverse, on dit Avoir la pipi pour Avoir très soif.

PIQUE-BISE, s. m. — Chapeau d’ecclésiastique. — De ce qu’autrefois les cornes de ces chapeaux étant fortement relevées, comme encore aujourd’hui en Italie, la corne du devant était censée fendre le vent.

PIQUE-FEU, s. m. — Grappin, broche de fer pour tisonner. Il n’y a pas d’équivalent français, le tisonnier étant crochu.

PIQUE-PRUNE, s. m. — Tailleur. Piquer est pris ici au sens de manger, comme l’indique, dans des dialectes, la forme croque-prune. — L’origine de l’expression m’est inconnue.

PIQUER. — Piquer l’once. Voy. piqueur d’once.

PIQUERNE, PICARLE, s. f. — Chassie. Les personnes à tempérament lymphatique ont souvent de la piquerne aux yeux le matin. — De pica, pour pix.

PIQUERNEUX, EUSE ; PICARLEUX, EUSE, adj. — Qui a de la piquerne. On avait proposé à l’un de mes camarades une demoiselle très riche (il était pauvre), mais il n’en voulut mie parce que, disait-il, elle avait les yeux piquerneux, et que ça lui faisait regret.

PIQUE-EN-TERRE, s. m. — Coq. Ne se dit que de l’animal vivant.

PIQUETTE, s. f. — Se lever à la piquette du jour, c’est-à-dire dès que le jour commence à poindre. — De piquer. Comp. « à la pointe du jour ».

PIQUEUR D’ONCE. — On nomme ainsi ceux qui volent la soie en levant de petites flottes sur les parties qui leur sont confiées par le fabricant, et qui s’arrangent pour faire retrouver le poids, soit en humectant la soie, soit en la chargeant, s’ils sont teinturiers, ou de toute autre manière. — Une dame du Dauphiné étant venue habiter à Lyon avec ses deux jeunes filles, s’enquit d’un magasin où elle pourrait se procurer des coupons de soierie à meilleur marché que dans un magasin de nouveautés. Une bonne femme lui dit : Faut aller chez un piqueur d’once. Allez donc chez X…, rue Vieille-Monnaie, vous trouverez votre affaire. La dame, n’ayant jamais entendu prononcer le nom de piqueur d’once, crut que c’était celui donné à la profession de marchand de coupons. Elle envoie sa fille aînée avec la bonne. La jeune fille va à l’adresse indiquée, pousse la porte, et dit à un monsieur devant une banque : Pardon, monsieur, c’est bien ici chez un piqueur d’once ? Tableau (!!!), comme disent les romans modernes (historique).

PIREGLORIEUX, s. m. — Loriot. Corruption fort drôle de compère loriot, ancien nom de l’oiseau. Compère, réduit à père, s’est transformé en Pierre, nom d’homme, patois Piro. Loriot est devenu gloriot ; d’où pirogloriot, puis piroglorious (littéralement Pierre-glorieux). Nous avons perdu de vue le nom propre, et le « compère loriot » n’a plus été que le « pire des glorieux ».

PISSE (parlant par respect), s. f. — Urine. — Subst. verbal de pisser. La formation par subst. verbaux est une des caractéristiques de notre parler.

Pisse-froid dans la canicule. C’est la qualification que j’entendais un jour donner à son fils par une bonne mère. Il n’en a pas moins fait fortune dans l’épicerie, où il n’est pas nécessaire d’être un volcan.

Pisse-trois-gouttes. Se dit de quelqu’un qui en littérature par exemple, n’a pas la production très facile ni très abondante. Malherbe avait du talent, mais c’était un pisse-trois-gouttes. Se dit aussi de quelqu’un qui manque d’énergie ou d’ampleur dans les vues.

PISSER (parlant par respect), v. n. — Il pisse entre deux parenthèses, Pour dire d’un homme qu’il a les jambes arquées.

Elle est si contente de se marier qu’elle ne se sent pas pisser. — Il paraît que c’est un des symptômes du contentement, mais je ne m’en suis jamais aperçu.

Commencer à se sentir pisser. Cela se dit d’une fillette de treize à quatorze ans.