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Les peirerous sont tous d’Auvergne, ainsi que le montre cette vieille chanson :

En rebenant de la Cachtourine,
Una troupa de z’Oubergnats,
Qui tout le long du chemin chemine,
Tout à coup se mit à gueula :
« Fondant les cuillas !
« Ombrant les benitias !
« Cousant les saladias !
« Peirouri, rouri, Mesdames,
« Peirouri, youpsa ! norma ! »

Au dernier vers, youp est un cri, comme dans youp ! la Catarina ! — Je ne connais point le pays de la Castourine, et je ne comprends pas le dernier mot : norma, dans lequel je crois du reste que la Norma de Bellini n’entre pour rien.

Du provençal peirol, chaudron ; lui-même du celtique per, même sens : peirolou, peirorou, peirerou.

PEJU, s. m. — Regrolleur, savetier. Lorsque Poncet construisait la rue Impériale, il me disait avec orgueil : Je ne veux pas rien des pejus pour portiers ! — De pège, avec le suff. u, d’osus.

PELÉ. — Deux pelés et un tondu. Se dit d’une assemblée qui est peu nombreuse, mais mal choisie.

PELOSSE, s. f. — Prunelle. Au jeu de boules, se dit en raillerie de petites boules : Allons, joue tes pelosses ! — Du celtique : kymri bolos, polos, prunelle.

PELU, USE, adj, — Qui a beaucoup de poil. Une fenne peluse, Une femme qui a les sourcils épais et un peu de moustache. — De pilosus.

Le Puits-Pelu. C’était un ancien puits, qui avait donné son nom à la rue (aujourd’hui rue du Palais-Grillet), et qui, probablement, devait lui-même son nom à celui de son propriétaire.

PENDANT. — Pendant de filet, terme de boucherie, Morceau attenant au filet, du côté opposé au faux filet (voy. ce mot).

PENDRE. — Dire de quelqu’un pis que pendre. Cette phrase, si usitée, représente une forte contraction : « pis que ce qui serait nécessaire pour le faire pendre ».

PENDRILLE, s. f. — 1. Lambeau pendant.

2. Mauvais sujet, garnement, vagabond déguenillé. — De pendre, plus drille, chiffon.

PENDULE. — Un négociant doit coucher sous la pendule. Voy. coucher.

PENELLE, s. f. — Très grande barque à fond plat, dont les deux bouts étaient carrés et relevés, et percés chacun d’un ou deux trous pour le passage de grandes rames servant de gouvernail. Elle était presque symétrique d’avant en arrière. Son usage est aujourd’hui abandonné. De pinella, de pinum, pin. Comp. sapine, autre espèce de barque.

Père Peju, vous m’avez fait des grollons comme des penelles. Métaphore élégante pour « des souliers trop grands ».

Par extension du contenant au contenu, penelle se dit aussi des pieds et des mains de belle dimension. Reluque-moi ces penelles ; peintes en rouge, on pourrait les mettre à la devanture d’un gantier.

PÉNIBLE. — Un enfant pénible. Se dit d’un enfant qui a des caprices, qui crie, etc.

Votre mami n’est rien pénible.

PENNE, s. f. — Graisse du ventre des habillés de soie. — De panna, de pannum, cette graisse ayant été comparée à une étoffe.

PENSÉ. — Allons, bien pensé ! Voy. allons.

PENSER. — Molard blâme l’expression : J’ai bien d’autres choses à penser. En quoi il a tort : on peut « penser les choses », comme on peut « penser aux choses. » Cela dépend du sens qu’on y attache. Fénelon dit « penser un édifice ». — Mais Molard a raison de blâmer : Vous n’avez que vous à penser, car on ne se pense pas soi-même. La correction qu’il propose : Vous n’avez à penser qu’à vous, enlève son piquant à la tournure. Le meilleur serait de dire : Vous n’avez que vous à qui penser.

Se penser, Penser. Je me pense que Mme Gaugnasson viendra ce soir. Le peuple a le goût des pléonasmes. Le militaire l’exagère. Je regardais un jour, en compagnie d’un sergent, jouer les mines au fort Saint-Jean. Je me pense à moi-même que cette pierre va tomber, qu’il me dit, dit-il.