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lui avoient tousjours pleuré. » C’est un latinisme : Per digitos humerosque plumae, dit Horace.

Par après, Par ainsi, Par ensuite, ne sont point des fautes, mais des archaïsmes dont le tour familier peut à l’occasion donner du piquant à la phrase.

Brin par brin. Humbert prétend que cette locution n’est pas correcte, et qu’il faut dire brin à brin.

PARADIS, s. m. — Beau reposoir qu’on fait le Jeudi-saint dans nos églises pour y déposer le Saint-Sacrement, qui y passe la nuit. Sa beauté et la présence du Saint-Sacrement en font l’image du ciel.

PARAGARE. — Nom d’un pays fantastique, rappelé dans le dicton suivant : Le pays de Paragare, où les chiens japont de la queue. On comprend qu’Être du pays de Paragare, c’est être grossier, rustre, inconvenant. Vachard, dont j’ai parlé à Pacan, était du pays de Paragare. — Mot forgé de toutes pièces, comme Papharagaramus, et d’autres de ce genre.

PARAPEL, s. m. — Parapet. — Parapel est la forme primitive. Mais il est une raison plus grave pour laquelle nous l’employons. Parapet éveille une idée inconvenante, et j’ose dire inexacte, car ce n’est point dans le but de parer à ce genre de projectiles qu’on a inventé le parapet.

PARASINE, s. f. — Poix-résine. Corruption de poix-résine. Cotgrave a parrasine, qu’il traduit inexactement par stone-rosin pour wood-rosin. Il doit avoir emprunté ce mot à quelque dialecte.

PARBOUILLI, adj. — Ce rond de veine est parbouilli, Trop bouilli. — C’est du vieux français. Dans une foule de verbes le préfixe par indiquait un renforcement, une exagération du thème. Comp. parforcer, parbriser, parbouter, pardémolir, et une foule d’autres.

PAR CONTRE, adv. — Au rebours, à l’inverse. — Affreux barbarisme, déjà proscrit par Voltaire, et qui a passé de la langue des journaux dans celle des revues, et de la langue des revues, hélas ! dans celle des académiciens.

PAR-DESSUS. — Par-dessus le marché, Littéralement, en plus du marché conclu, mais s’emploie surtout au fig. Il a épousé une femme acariâtre, et, par-dessus le marché, gaspilleuse. Je ne trouve pas cette expression dans les dictionnaires, mais elle me semble absolument logique et correcte.

PARDONNABLE. — Pardonnable, en parlant des personnes, est condamné par Molard et Vaugelas. Mais Littré fait observer que l’usage a prévalu contre les grammairiens.

PARDONNER. — Vous n’êtes pas de pardonner. Sur l’emploi de cette tournure, voy. connaître.

PARENT. — Humbert désapprouve cette expression : Nous lui sommes parents. En effet, on n’est pas parent à quelqu’un, mais de quelqu’un.

PARESOL, PAREPLUIE, PAREVENT. pour Parasol, Parapluie, Paravent. Molard voit dans la première partio παρα ; c’est simplement pare à. Mais la formation est fautive, parce que parer, en ce sens, prend la prép. de et non à. La formation populaire est plus claire, sinon plus grammaticale. Comp. le vieux lyonn. parefoux, et les mot de création moderne pare-feu, pare-étincelles.

PARER (SE), v. pr. — Se défendre, se garantir. Pare-toi de ce chien ! C’est un sens classique de se parer, mais auquel nous ne sommes plus habitués.

PARET, s. f. — Muraille. Trou de la paret, Chatière. Un vieux noël dit que le diable, qui était venu voir la fête, avait passé la tête « per lo trou de la parey ». — De parietem.

PARFAIT, s. m. — Préfet. Pour nous tous les préfets sont parfaits. C’est extraordinaire.

PARFUMEURS. — Les Parfumeurs de Venissieux. Voy. Artillerie.

PARGUE, s. f., terme de menuiserie. — Large traverse en bois, non assemblée, clouée contre des planches ou lames pour les maintenir. — Paraît être le subst. verbal de parquer. Comp. parquet.