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gueur de la flotte. Cela sert à mettre en canettes les soies qui peuvent se passer de dévidage. — De l’ital. panca, banc. « Panca dell’ orditoio, littéralement banc de l’ourdissoir », appareil en bois avec des fers verticaux pour enfiler les cannes de l’ourdissoir. C’est le squelette de l’ourdissoir. D’où pancane, diminutif de panca. Par métathèse on dit souvent campane :

I gn’ia que l’apprentiss’ qui toujours se cancane
Et voit z’avè plési reposer sa campane.
(Pétition à M. de Saint-Cricq.)

PANCHER, 1. v. n. — Verser, s’écouler, spécialement par une fissure. Mon grand avait un granger qui avait bu de son vin. En faisant sonner le fond du tonneau, il s’aperçut du déchet. Voyant le coup, il appelle le granger. Celui-ci regarde, fait sonner à son tour, réfléchit longuement, parait étonné, puis dit : Faut que lo tuniau oye panchi !

2. v. a. Pancher de l’eau, parlant par respect, Changer l’eau de son canari. — De pandicare.

PANE, s. f. — Être dans la pane, Être dans la gêne. — Subst. verbal de paner (voy. pané).

PANÉ, ÉE, adj. — Qui est dans une grande gêne. — Du vieux franç. paner, essuyer avec un linge, de pannum. Un homme pané est un homme essuyé, torché, auquel il ne reste rien que sa personne. Comp. Il est rincé, nettoyé, pour Il a tout perdu.

PANET, s. m. — Grappes de millet. J’ai acheté du panet pour mon canari. — De panicum.

PANIER, s. m. — Panier à salade. C’est le nom pittoresque que nous donnons aux voitures des prisons, de l’Antiquaille, etc. Hélas, me disait tristement mon pauvre camarade Langlué, qui était romantique, des estafiers barbares, sans pitié pour la beauté, ont fait monter me n’amante dans le panier à salade !

PANIÈRE, s. f. — 1. Grande corbeille en osier, avec des manettes et un couvercle, pour mettre la provision de pain. — De panaria, de panem.

2. Terme de construction, Voûte en briques dans l’enchevêtrure d’un plancher, que l’on a ménagée pour le passage des gaines de cheminée. Se dit quelquefois de l’enchevêtrure elle-même. — À Paris, l’enchevêtrure s’appelle trémie, par analogie avec la trémie des moulins à farine. Je ne doute pas que la même analogie n’existe pour panière, qui a dû être, dans les moulins de nos contrées, le nom donné à la trémie.

PANNEAU, s. m. — Habit noir. Père Fricoteau, que je disais un jour à un bon canut, vous n’avez jamais vu le café chantant : je vous y paie ce soir ! — Merci bien, Mecieu Puitspelu, qu’il me fit : On n’est reçu qu’en panneau, t’i pas ? — De pannellum, de pannum.

Il y avait des habits à panneau, témoin la chanson des Deux sous par aune :

Habit à panneau,
Perruque à marteau
Et canne à pommeau.

PANOSSE, s. f. — Personne molle, sans énergie. — De panossi, torchon, linge à essuyer, qui existe encore dans nos patois, et vient de pannucea. Panosse, appliqué aux personnes, signifie donc « mou comme un linge ». On trouve en vieux français panosse, vieille panosse, « vieille édentée, sale, en haillons, » dit Cotgrave. Panosse répond ici au français populaire Un vieux torchon, en parlant d’une femme. C’est dans ce sens que doit être comprise l’injure vieilles panosses, que se crient les femmes dans la grande bataille des habitants de Flame&ux et de Vindelles, telle qu’elle nous est contée par le bon seigneur de la Hérissaye.

PANOUILLON, s. m. — Écouvillon du four. De pannum, avec un premier suffixe ouille, péjoratif et un second suffixe on, diminutif.

PANSEROTTE, s. f. — Double (voy. ce mot) du cayon. Excellent à la vinaigrette, ou passé au beurre avec des oignons. — Fait sur panse, avec le suffixe otte, relié par r.

PANTALON. — Nous ne l’employons qu’au pluriel : Donne-moi mes pantalons de nankin. Ou bien avec le mot paire : Il faut que je me fasse faire une paire de pantalons pour cet hiver. Cela veut dire un pantalon. C’est que le pantalon, comme la culotte, comme le caneçon, se compose toujours de deux parties égales et symétriques. Les Anglais