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Faire des misères à quelqu’un, Lui faire du tort, du chagrin, lui susciter des difficultés. Ah, Monsieur, on m’a tant fait de misères ! Que de fois j’ai entendu dire cela à des gens à qui personne n’avait fait du mal qu’eux-mêmes !

Chercher des misères à quelqu’un, Lui chanter pouille, lui créer des embarras. Sa femme lui a cherché de misères par rapport qu’il lui avait mangé son saint-frusquin.

MISSELER, v. a., terme de batellerie. — 1. Réunir deux câbles bout à bout au moyen de petites cordes appelées batafis (voy. ce mot).

2. Fixer la maille ou gros câble de halage à la sangle du bateau au moyen de cordes plus grosses que le batafi et appelées varlets (voy. ce mot). — De miscellare, formé sur miscellum. L’idée est « mêler deux objets » pour en faire un seul.

MISSIAUX, s. m. pl. — Nœuds des varlets (voy. ce mot). — De miscellum (v. misseler).

MITAN, s. m. — Le coup de fusil a attrapé au beau mitan de la cible. — De medietantem.

MITE, s. f. — Mitaine. Une bonne mère à sa petite, qui n’est pas sage : Attattends ! c’est moi que vas prendre des mites pour te fecer ! — Assez vraisemblablement du germanique mitte, milieu, les mites étant des demi-gants.

MITONNÉE. — Soupe mitonnée, Soupe de pain cuit.

MITONNER, v. a. et n. — Préparer dans l’ombre. — Il se mitonne un mariage du garçon à M. Pelosse avec Mlle Pocasse, la devideuse.

MITRAILLE, s. f. — Monnaie de billon. J’ai apporté ma pleine poche de mitraille pour jouer au bouchon. — De mitte, petite monnaie flamande de cuivre. Un amas de ces petites pièces se nommait mitaille. D’où mitraille par l’insertion de r sous l’influence de mitraille, le billon pouvant d’ailleurs se comparer avec les fragments dont se compose la mitraille.

MODE, s. m., terme de batellerie. — Remonte d’un bateau à la bricole dans tout le parcours de Lyon, d’Ainay à Serin. — Substantif verbal de moder.

MODER, v. n. — Partir, s’en aller. Allons, c’est tard ; faut moder. — De motare ou movitare.

MODÈRE, s. m. — Membre de la corporation des Modères, qui avait jadis le privilège de la remonte des bateaux dans la traversée de Lyon. — Fait sur moder, avec le suffixe aire, ère, applicable aux noms de métier.

MOGNE, s. f. — Force musculaire, spécialement en parlant des bras. J’aime pas ces hommes que n’ont gin de mogne, disait la petite Louison. — Formé sur main, comme poigne est formé sur poing.

MOGNIAU, s. m. — Moineau ; MOGNIAUDE, s. f. — Femelle du moineau.

Tête de mogniau, terme de canuserie, Gros bourron à un fil de la chaîne.

MOIGNEUX, EUSE, adj. — Qui a de la moigne (voy. ce mot).

MOINE, s. m. — Sabot, toupie qu’on fait tourner à coups de fouet. — De molinum, de mola, chose qui tourne.

MOINS. — Le moins des moins, Pour le moins. Quelle dot a-t-elle ? — On ne sait pas trop bien, mais deux mille francs pour le moins des moins. C’est un renforcement de pour le moins.

MOLLASSE, s. f. — 1. Se dit d’une personne molle, lâche, paresseuse. Veux-tu ne pas traîner la grolle comme ça, mollasse ! Un grand architecte a pris à l’Académie du Gourguillon le pseudonyme de Mollasson… par antiphrase.

2. Espèce de pierre, Grès tendre qui nous vient du Dauphiné. La façade de Saint-Maurice à Vienne est bâtie de cette pierre.

MOLLETTE, s. f. — Une mollette de beurre, Très grosse pelote de beurre, que les ménagères achètent communément pour faire fondre. Les canuts content en plaisantant la gandoise suivante : Le père à sa fille Parnon, qui est sur la suspente : Parnon, tu là-haut ? Parnon, ; tu là-haut ? Parnon finit par répondre timidement : Oui, p’pa.Le père : Ah, t’esses là-haut ! Te liches la mollette, t’i pas ? Attattends, c’est moi que je vas te licher les fesses !