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METU, — Participe passé de mettre. Voyez éteindu.

MURTE. Voy. morte.

MIAILLE, s. m., MIAILLON, s. m. — Petit enfant, mami. Emporte don ton miaille, qu’i nous fait partir les oreilles ! Te vois bien qu’i veut son tetet ! — De miailler, crier, vagir.

MIAILLE, s. f. — Bouche. Se faire peter le miaille, S’embrasser avec des baisers bruyants. — Sub. verbal de miailler, parce que c’est avec la bouche que l’on miaille.

MIAILLER, v. n. — Crier, vagir. À Bollène (Comtat), il y a la rue des Miailles, « Rue des vagissements, des cris ». De même à Crillon (Comtat), il y a la rue des Mians. — Fait sur l’onomatopée mialh.

MICHAILLE, terme de maçonnerie. — Pierrailles, petits débris. On le trouve dans un texte de 1468. — De mica, parcelle, débris, mais il faut supposer une forme micca.

MICHE, s. f. — Pain de luxe d’une demi-livre ou d’une livre. Quoique le mot soit au dictionn. de l’Acad., à Paris les boulangers ne savent pas ce que c’est, et vous rient au nez quand vous leur demandez une miche. Racine emploie cette expression dans une lettre à l’abbé Levasseur, du 27 mai 1661 : « Il (M. de la Charles)… commença une harangue qui ne finira qu’avec sa vie si vous n’y donnez ordre, et que vous ne lui fermiez la bouche par une grande lettre d’excuses, qui fasse le même effet que cette miche dont Énée ferma la triple gueule de Cerbère. »

Miche à fesses (parlant par respect). C’est une grosse miche rebondie, divisée par une raie dans toute sa longueur. À la maison on ne connaissait pas d’autre mot. Marie, vous prendrez une miche, pas une petite miche (la miche de demi-livre), mais une miche à fesses (la miche d’une livre). Les demoiselles sucrées disent par pudeur « Une grosse miche. »

Il y aurait à examiner si une miche à fesses n’est pas une miche à fente, une miche fendue, 'fissa. (M. D.)

Les miches de Saint-Étienne, Des cailloux.

Manger sa miche la première, Connaitre d’abord les bons jours, puis les mauvais jours.

D’une racine germanique mik, qui, à l’origine, avait la signification de farine fine.

MICHÉ, s. m. — Apprenti canut, avec un sens assez peu laudateur. — « Noutron Michi d’aprinti — Soute à bas de son meti. » (Noël de Jean Guigoud.) — C’est Michel, pris dans un sens péjoratif (voy. Liaude).

MICHIER, s. m. — Terme plaisant dont on use quelquefois pour boulanger. Michier, faiseur de miches.

MIDI. — Midi ont sonné. Dans cette locution nous considérons midi comme égal à douze heures. Or on dirait très bien : « Douze heures sont sonnées. » — Et nous disons ont sonné, parce que nous considérons sonner comme égal à retentir. Or on dirait très bien : « Douze coups ont retenti. » Les irrégularités du langage populaire ne sont pas de pures fantaisies. Elles sont fondées sur des analogies, souvent non sans une liaison logique d’idées.

MIGRACE, s. f. — Grimace. « Ne fais donc pas des migraces ! » me disait souvent ma mère en plaisantant. — Métathèse bizarre de grimaces, qui me parait avoir eu pour origine une fantaisie burlesque, mais qui est devenue assez populaire pour qu’on la retrouve jusque dans le Berry.

MIL. — Mameselle Pierrette, quand est-ce que nous marions ? — En mil huit cent jamais. Attrape !

MILIEU. — Juste dans le milieu, comme le mercredi. Voy. mercredi.

MILLE-PATTES, s. m. — Scolopendre.

MILLET. — C’est un grain de millet dans le bec d’un âne. Voy. âne.

MILLIASSE, s. f., MILLON, s. m., terme de maçonnerie. — Petits fragments de pierre. Il faut garnir avec de la milliasse, du millon, Il faut mettre de petites pierres dans les interstices des grosses. — De mille, à cause que ces pierres sont tellement menues qu’elles sont par milliers.

MIMI. — Faire mimi, Donner un baiser. — Un jeune architecte lyonnais fut mandé pour la construction d’une maison de campagne. Après quelques instants de