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Je suis comme un miron entre deux melettes. — Du vieux français mesle, nèfle, de mespilum : mesle, mêle, melette. Comparez le rouchi prones, prunes ; au fig. polimina ; à Rive-de-Gier me z’ambricots.

MELON. — Durant quarante années, un brave homme à boucles d’oreilles et à voix de centaure, poussant devant lui sa petite charrette, a fait, quand venait août, retentir nos rues de ce cri :

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  \key g \major 
  d4 d d( b2)
  d4 d d b2
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  a4 a d2 \fermata
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  Aux me -- lons ! Aux me -- lons ! Ah, les beaux ca -- vail -- lons !
}

Hélas ! je crains bien qu’il n’ait pas pris sa retraite avec de grosses rentes.

J’ai rêvé que j’étais melon et que tu me sentais au… dessous pour savoir si j’étais bon. Très grossière plaisanterie, mais très usitée et qui a son origine dans l’habitude de flairer les melons vers le pédoncule avant de les acheter, afin de juger de leur parfum.

Femme et melon, on a beau les sentir, on ne sait jamais si c’est bon, avait coutume de dire mon maitre d’apprentissage.

MEMBRÉ, — adj. Un homme bien membré, pour Un homme bien membru, Qui a les membres gros et robustes. Étrange idée d’Humbert, de proscrire ce mot qui était déjà de son temps au Dict. de l’Académie.

MÊME. — Être refait au même, Être dupé. I m’a refait au même : i m’a fait marier sa fille, que j’ai trouvé le pot fêlé. — Je crois le terme emprunté au jeu de billard.

La même chose, loc. adv. Également, de même. Et la toux de la bourgeoise ? — Toujours la même chose… Votre gone mord-il enfin à la canuserie ? — Pour changer, c’est la même chose. Qu’i pleuve, qu’i pleuve pas, la même chose j’irai.

MÉNAGER. — Ménagez-vous. Expression d’intérêt, exigée par la politesse, toutes et quantes fois que vous quittez un ami. Adieu, ma femme m’attend. — Ménagez-vous ! Cela équivaut à dire : « Soignez votre santé ; elle est précieuse ; ménagez vos forces, u’abusez pas du travail, etc. »

MENAISON, s. f. — Parlant par respect, Diarrhée où Dysenterie. J’ai eu la menaison toute la nuit. — Archaïsme. « Le roy avoit la maladie de l’ost et menoison moult fort, » dit Joinville.

MÈNE, s. f. — Être de bonne mène, Être de bon command, être facile à gouverner. — Subst. verbal de mener.

Une médecine qui vous mène, sous-entendu « où vous savez ».

Mener grand bruit.Je sais pas quel bruit i se mène dans la rue ! — C’est de soûlauds que se chancagnent.

MENER, v. a. — Donner la courante. Quand je mange de pruneaux, ça me mène.

MENILLON, s. m. — 1. Fanon du taureau, du bœuf, de la vache.

2. Au fig. Estomac, poitrine. Depuis ce matin je n’ai rien dans le menillon. Autre : Pour être pauvre fille, on n’en a pas moins quèque chose sous le menillon.

3. Se dit, par raillerie, de le peau ridée du cou d’une vieille femme. Ma pauvre Christine, c’est le coup de mettre des cols montants pour cacher le menillon.

Se marcourer le menillon. Voy. marcourer.

De manus, plus le suffixe illon exprimant l’agitation. Comp. l’espagnol menear, remuer, agiter, de manus.

MENSONGE, s. m. — 1. Pellicules qui croissent dans le voisinage des ongles. Autant que l’on a dit de mensonges, autant de pellicules. Mariette, t’as dit un mensonge, j’en vois à ton ongle. — Mais non, p’pa ! pisque c’est un mensonge, c’est que je n’ai point dit de mensonge !

2. Âme de peloton (voy. âme). Le bourron de papier au cœur du peloton est un mensonge, parce que le peloton représente ainsi plus de fil qu’il n’en contient.

MENTON. — Un menton à galoche, Un menton saillant, qui a l’air de se relever. — Son menton et son nez font la bataille, Tendent à se réunir. Cela se voit souvent chez les vicilles gens.