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vaise mine, susceptible de quelque mauvais coup. Par extension, se dit quelquefois d’un homme. — Même origine que mandrille.

MANDRILLE, s. m. — 1. Vagabond, gueux, vaurien. Se dit spécialement d’un gueux dont les vêtements sont dépenaillés.

2. Guenilles. Fais-me don le plési de jeter ta mandrille de robe aux vieilles pattes !

3. Épouvantail de chenevière.

Du provençal mandre, mendiant, truant, pendard. À la racine mandre s’est ajouté un suffixe diminutif ille, on a eu ainsi la seconde partie du mot : drille. Drille signifiant chiffon, le mot a pris partout, à côté du sens de 1, le sens de haillons, guenilles. C’est ainsi qu’en Normandie mandrille signifie vêtements en guenilles. Le sens de 3 se tire naturellement des sens 1 et 2.

MANDRIN, s. m. — Un mandrin, Un pillard, un maraudeur. — Souvenir du célèbre Mandrin.

MANÉCANTERIE, s. f. — 1. École cathédrale, aujourd’hui dite le Petit séminaire de Saint-Jean.

2. Bâtiment du xe ou xie siècle, voisin de la cathédrale, et qui servait autrefois au logement des clercs de l’école cathédrale. — De mane cantare.

MANÉCANTIER, s. m. — 1. Élève de l’école cathédrale.

2. Par extension Élève des écoles cléricales de paroisses ou écoles des clergeons. Mot tombé en désuétude, mais encore d’un usage courant à Belley, par exemple. — Forme savante de mane cantarius.

MANETTE, s. f. — Anse, poignée d’un tiroir, d’un objet quelconque. De manus. Manette, petite main.

MANGER. — Manger une commission, L’oublier. La femme : J’avais dit à la Gustine de me rapporter des bugnes ; elle a mangé la commission.Le mari : Des fois que te pourrais ben dire vrai ! Hi ! hi ! hi !

Manger de l’argent. Hélas ! on n’a que trop d’occasions de répéter le dicton !

Il mange le bon Dieu le matin et il rend le diable le soir. Se dit de quelqu’un que la dévotion ne rend pas meilleur.

Manger les salades par le trognon, Être au cimetière.

Se manger, Se ruiner. Un brave canut se désolait de la mortè. C’est guignolant, disait-il, on s’en…quiquine, el puis qu’après se mange !

MANGILLER, v. n. — Manger sans appétit, sans plaisir, et en prenant très peu de nourriture. La pauvre Dédèle est malade. Elle a voulu se mettre à table, mais elle n’a fait que mangiller.

MANICLE, s. f. — 1. Manique.

2. Partie, au sens de profession. Il est de la manicle, il est de la partie. C’est un enfant de la manicle. — En octobre 1847, nous revenions de Valence, sur le bateau à vapeur, avec ce pauvre Musson, vêtus de nos blouses coutumières. Sur le pont du bateau, nous liâmes conversation avec un Lyonnais, ouvrier menuisier, qui nous prit pour des coteries de la même profession. En vous entendant parler, nous dit-il, j’ai bien vu tout de suite que vous étiez de la manicle.

3. Manière, tour, ruse. Je connais la manicle… Il y a quelque manicle là-dessous.

Vieux franç, manicle, de manicula.

MANIÈRE. — De manière à ce que. Voy. façon.

MANILLE, s. f. — 1. Même sens que manette.

2. Anneau de fer qui est au bout de la corde des cloches, et dont le sonneur se saisit pour tirer la corde. De là le patois manillier, sonneur. — De manicula.

MANILLON, s. m. — Un manillon de clefs, Un trousseau de clefs. — Fait sur manille.

MANNE, s. f. — 1. Limon, spécialement le limon fétide qui se trouve au fond des boutasses.

2. Terme de maçonnerie, Argile qui se trouve quelquefois mêlée au sable. Ce sable ne vaut rien, il y a de la manne. Le bon Paradin écrit meynne. À propos des inondations qui eurent lieu vers 570, il dit : « Le pis fut qu’estant les eaux retirées, l’on trouua les caues, et maisons tant pleines, et combles de vase, de boue et de meynne, qu’on ne les pouuoit vuyder, sinon auec frais inestimables. » Du français marne, avec chute de r, probablement sous l’influence de manne, résine, substance adhésive.