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LYON. — Qui perd Lyon perd la raison.

Femme du Puy, homme de Lyon font bonne maison (Voy. femme).

Sais-tu lire ? — Non — Sais-tu nager ? — Je suis de Lyon ! Dicton dont les Lyonnais sont très fiers.

LYONNAIS. — Lyonnais, niais. C’est un proverbe inventé par nos voisins du Forez, du Dauphiné, de la Bresse, pour se venger de ceux que nous avons faits sur leur compte. — En Poitou, Lyonnais est synonyme de scieur de long.

LYONNAISE (LA). — C’est la Marseillaise de Lyon, qu’un grand poète anonyme a faite en 1848, et qu’on chantait avec enthousiasme. Elle rend l’esprit lyonnais tout entier dans sa pureté et dans sa bonhomie. Rien de plus amical, de plus pacifique, de moins sanguinaire que cette Marseillaise d’un nouveau genre, surtout lorsqu’elle est chantée avec un fort accent canut :

Aux armes, Ly-onnais !
Égalité z’et Paix !
Marchons, marchons, bons citoyens !
Amis republicains !


M


MACHECROUTE. — 1, s. f. Énorme mannequin que l’on portait jadis à notre carnaval. « C’estoit, dit le tant gracieux Rabelais, une Effigie monstrueuse, ridicule, hideuse, et terrible aulx petits enfans, ayant les œilz plus grands que le ventre, et la teste plus grosse que tout le reste du corps, avecque amples, larges et horrificques maschoüeres bien endentelées tant au dessus comme au dessoubs : lesquelles avecques l’engin d’une petite chorde cachée… l’on faisoit l’une contre l’aultre terrificquement cliqueter. » Le Duchat dit en note : « On ne le porte plus à Lyon, quoiqu’on y en parle encore, et qu’on y menace les enfans de les faire manger à la Maschecroute. » La Mâchecroûte était évidemment un souvenir du Manducus latin, d’après Plaute et Festus mannequin pourvu de mâchoires et de dents énormes, qu’on promenait dans certains jeux publics. La tradition, comme le mot, est complètement oubliée.

2, s. m. Instrument en fer, composé d’un levier denté et d’une partie fixe, qui servait à briser la croûte du pain pour les vieillards sans dents. Il ressemblait à l’instrument dont on se sert pour mâcher et amollir les bouchons. Depuis soixante ans, c’est-à-dire depuis qu’on fait des fausses dents, l’instrument est hors d’usage.

MÂCHÉ. — Avoir les yeux mâchés. Se dit lorsqu’on a les yeux cernés, battus. J’ai vu la fenne de M. Bardanet, que s’est marié samedi. — Est-elle jolie ? — Elle serait pas mal, si elle avait pas les yeux mâchés.

MÂCHILLER, MÂCHOUILLER, v. n. — Manger sans goût, sans appétit, en retournant les morceaux dans la bouche sans les avaler. — Fréquentatif de mâcher.

MÂCHILLÈRE. — Dent mâchillère, Dent mâchelière. Le Lyonnais ayant le verbe mâchiller, il a substitué tout naturablement mâchillère à mâchelière, d’ailleurs peu compréhensible, car il devrait être mâchière.

MACHIN. — Mot bien agréable pour ceux qui n’ont pas la mémoire prompte : Parnon, prête-me don ton machin ? — Quoi don ? — Ton couteau, pardine !… Tonine, fais-nous don manger de machins, ce soir !… Bargeois, y a M. Machin qu’est venu vous demander ; j’y ai dit que vous étiez chez M. Chose, et ainsi de suite.

MÂCHON, s. m. — Bon repas, forte noce. Au fig. Morceau, chose difficile à dire. « Enfin, elle se voit feurcé de li déclarer le mâchon. » (La Sedution.)

MÂCHOUILLER. Voy. mâchiller.

MÂCLE, s. m. — Le plus souvent, colique néphrétique. — De masculum, parce que la pierre est une maladie particulière à