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GIFLARD, ARDE, s. — Qui a de grosses joues. As-te vu au thiâtre ce gros giflard que n’a point de nez, que les dames n’osiont pas le regarder ? — À cause ? — À cause qu’elles trouviont que c’était indecent.Giflard ne représente nullement l’idée de visage à gifles. Il vient de gifle, joue en vieux français.

GIFLE, s. f. — Il ne figurait pas encore au dictionnaire de l’Académie en 1798. Aussi Molard le proscrivait. Le fait est qu’il n’est pas encore usité dans les oraisons funèbres.

GIGAUDER, v. n. — 1. Folâtrer, s’amuser, se réjouir en dansant.

2. Gigoter. Mame Potanet n’a fait un mami si tellement vigoret, que ne fait que gigauder comme un veson dans du fromage de geai. — Je crois que c’est gigoter, transformé sous l’influence de gaudir.

GIGIER, s. m. — Gésier, estomac, et par extension, poitrine, gorge. J’ai le gigier bien plein, dira-t-on au sortir d’un grand diner. Se déponteler le gigier, Se déponteler l’estomac (voy. déponteler). Couleur gigier de pigeon, Couleur gorge de pigeon. — C’est du pur latin : gigerium.

GIGOT (prononcez o très bref). — Gigot de mouton est proscrit par Humbert, qui y voit un pléonasme. Cependant outre qu’il y a des gigots de faye, le mot s’entend de diverses manières. Ma Lucia, si vous voyez ces gigots qu’elle te vous a ! disait la bonne mère Rousselard (façon d’encourager les jeunes gens à demander sa fille en mariage). Et de ses deux mains elle figurait une colonne grosse comme celles du Palais de Justice (historique).

Gigot à la cloche. Voy. cloche.

GIGUE, s. f. — Jambe. S’emploie volontiers avec grand. Tire don tes grandes giques !

Une gigue de mouton, Un gigot. Se dit plus volotiers d’un gigot long et maigre.

GIN, particule négative. — Vieux mot patois qui s’est conservé dans quelques phrases toutes fait. Joset, boudeur, qu’est mollasse de nature : P’pa, je veux de gratons.Le p’pa : Avance ton assiette.Joset, boudeur, qui ne veut pas prendre cette peine : N’en vole gin. — De genus. Comp. res = rien.

GINGIVE, s. f. — Gencive. J’ai une gingive qu’est enfle. — Vieux franç. « Les gengives lui étoient enflées et pourries », dit Montaigne du philosophe Cléanthe. — latin gengiva.

GINGUER, v. n. — Donner des coups de pied avec vivacité, ruer. La bonne mère, en train de fesser le Jean-Louis : Veux-tu pas tant ginguer, ou je recommence !

Par extension, se dit d’une muraille qui tombe, ainsi qu’il appert du langage suivant, qui n’est pas à la plus grande gloire des goujats : Goujat, porta de mortia, la muraille va gingua ! — Quelle gingue, qu’elle crève, m’en vas dina ! Fait sur gigue.

GINGUET, ETTE, s. — 1. Méchant vin. Je suppose de ce qu’il fait ginguer en le buvant. Comp. du vin à faire danser les chèvres.

2. adj. — Un habit ginguet, Un habit étriqué, en étoffe mince. — Extension du sens 1.

GIRARDE, s. f. — Julienne (hesperis matronalis). — De gyrata, qui est de forme ronde. Comparez girande, girandole, et le prov. girarda, girada, gâteau de forme ronde.

GIRON, s. m., terme de construction. — Le giron d’une marche. C’est la mouture formant saillie au devant de la marche, et qui augmente ainsi la foulée pour poser le pied. — Dérivation de sens de giron, foulée de la marche, qui est le sens français et dont le nom est tiré de quelque analogie avec giron, figure du blason.

GIVORDIN. — Givordin, grand, gros el pas fin.

GLACE. — Il a passé devant la glace. S’applique à celui de deux concurrents convoitant le même objet, une femme, une place, etc., qui passe dans œuvre tandis que l’autre succède. Celui-ci a eu la réalité, l’autre l’image : il a passé devant la glace. Cette façon de parler est particulièrement usitée à Vaise.

GLAUDE, GLAUDINE. — Bonne prononciation de Claude, Claudine.

GLISSIÈRE, s. f. — 1. Chemin fait sur la glace par les glissades des gones.

2. Le jeu des gones lui-même.