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GARÇON. — D’après les grands connaisseurs, vous ne devez pas dire : Le garçon de M. Petard est parti pour son sort, ni même le fils Petard, mais il faut dire M. Petard fils, ou, si vous le connaissez beaucoup, Petard fils. — Mais voulez-vous savoir la vie des garçons ?

La vie des garçons n’est agriâble :
Quand i n’ont cinq sous,
I mangent tout.
I vont aux Breteaux, à Villeurbanne,
I reviennent soûls,
Et voilà tout.

Cela se chante sur l’air : Allons aux Breteaux, ma mie Jeanne.

Il y a de quoi appeler son père garçon. Se dit lorsqu’il vous advient quelque chose de tout à fait extraordinaire.

Si c’était à recommencer, je ferais comme mon père, je resterais garçon ? Cri du cœur qui s’échappe souvent de la bouche des maris.

GARÇONNAILLE, s. f., terme fort dépréciant. — Fille à garçons.

GARDE.— Descendre la garde. Voy. descendre.

GARDE-C… (parlant par respect), s. m. — Nos grand’mères appelaient de ce nom je ne sais plus quel ajustement, tournure ou jupon. Mais ça, c’était du vrai et pur français, quoique aussi roide en son genre que le lyonnais.

GARDE-MANGER, s. m. — Mot bas. Frapper au garde-manger. Donner un coup de pied au derrière.

GARDE-ROBE, s. f. — Grande armoire de noyer où les ménagères serrent le linge. C’était la gloire des ménages. Notre garde-robe, en plein style Louis XV, avec des ferrures immenses, est grande comme une chambre. Quand une dame dit à son mari ! Ma coque, je vais à la garde-robe, gardez-vous de l’entendre dans le sens que les médecins attachent à l’expression.

GARDEUR. — Mieux vaut bon gardeur que bon gagneur. Manière de dire qu’il est encore plus difficile de garder sa fortune que de l’acquérir.

GARDIATEUR, s. m. — Les pousse-culs ont tout saisi chez Patafiaud. C’est lui qui a été nommé gardiateur. C’est notre expression constante pour « gardien des scellés ».

GARENNE, s. f. — En garenne, En désordre, à l’aventure. Je lisais un jour dans un grand journal de Lyon : « Ces monolithes, par leur disposition en garenne, sembleraient provenir d’un solide édifice effondré en cet endroit. » — Du français garenne, pris au sens de terrain vague, inculte, où rien n’est ordonné, arrangé.

GARGAGNOLE, s. f. — Gosier, gorge, Depuis ce matin, je me suis rien metu dans la gargagnole. — Fait sur une racine garg, qu’on prétend représenter gurges, et qui a produit le vieux franç. gargatte, gorge, Gargamelle, Gargantua, etc.

GARGALISER. — Gargariser.

GARGAMELLE, s. f. — Même sens que gargagnole, et fait sur la même racine.

GARGOT, s. m. — Restaurant de bas étage. C’est le masculin de gargote.

GARGOTER. — 1, v. a. Gargoter une sauce. L’abîmer, comme dans un gargot.

2, v. n. — Bouillir bruyamment. — D’une onomatopée garg.

GARGOUANE, s. m. — Gosier. J’ai la gargouane sèche comme une barquette ! — Oh ! - Quel Brindas ! on voudrait avoir la gargouane longue comme la rue Impériale.

GARGOUILLER, v. n. — Faire un bruit de liquide traversé par l’air. Le ventre me gargouille. — C’est signe que ça va débonder. Cette expression si pittoresque est proscrite par l’Académie (qui admet cependant « gargouillement, Bruit que fait l’eau dans l’intestin » ), mais le bon Littré a donné à gargouiller en ce sens une juste hospitalité.

GARNISON. — As-te vu comme le Tignasse, il a de cheveux ? Autant de bauches de truffes ! — Voui, mais y a de garnison de quoi défendre la ville et les forts !

GARROT, s. m. — 1. Gros bâton noueux. Quand j’ai vu arriver ce galapian avè son garrot, ça m’a fait veni le sanque tout rouge.

2. Jambe. Velà le Glaude que s’amène avè ses deux garrots que battent le briquet.

Il est assez vraisemblable que 2 est le primitif ; du celtique gar, jambe. Pour le passage au sens 1, comp. jarrets de fagots, morceaux de bois ronds et forts.