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Un fumeron long et mince peut assez bien figurer une jambe dans un pantalon noir.

3. Se dit des gones qui fument. Dans un bureau de tabac, en voyant un gone acheter une cigarette : Tiens, un fumeron ! On disait bien que le charbon de bois ne valait rien cette année !

FURON, s. m. — 1. Anneau. Tout le monde connait le jeu du furon, où l’on fait glisser un anneau dans une chevilière en chantant : Il court, il court le furon… Il a passé par ici, — Le furon du Bois joli… Furon signifie ici furet ; mais on a, par confusion, donné le nom de furon à l’anneau lui-même. Qui est-ce qui prête un furon, l’on va jouer !

2. D’anneau le nom s’est étendu symboliquement : Tourne ton petit furon, que je te donne un bouillon pointu, disait à son mami une bonne mère que j’ai bien connue.

FUSER, v. a. — Faire dépérir. Le pauvre père Bousard s’en va, c’est le chagrin que le fuse.Se fuser, dépérir. Quand on est vieux, l’esprit se fuse.

FUSIL. — Se taper le fusil, se bourrer le fusil, Manger fortement. Je sons allés au banquet électorable. Y en avait qui fesiont des discours. Nous, je nous sons tapé le fusil à en faire partir la culasse.

Prenez garde, son fusil écarte. Se dites personnes qui ont des dents de devant qui leur manquent, et par ainsi envoient des éclats de salive en éventail.

FÛT (fut’), s. m. — Tonneau. Autrefois beaucoup de personnes le faisaient féminin : Une fûte. Aujourd’hui je crois bien qu’en partie tout le monde le fait masculin. J’ai acheté un fût de Brindas. I m’a pas coûté cher, mais on peut pas le boire. Comme ça, c’est économe : on voit pas la fin des bouteilles. — De fustem. Le nom de la matière dont il est fait s’est étendu à l’objet lui-même. Comparez sapin = fiacre.

Sentir le fût, Avoir quelque chose à se reprocher. Le père Gripassier y est un brave homme ? — Hum, hum, i sent ben un peu le fût. Comparaison avec le vin qui a pris le goût du tonneau.


G


GABOUILLE, s. f. — Crotte liquide, eau fangeuse. Sors pas, ma coque, y a fait relême, y a de la gabouille qu’on a beau avoir de grollons neufs, ça humide les clapotons. — Subst. verbal de gabouiller.

GABOUILLER, v. a. — Remuer de l’eau, avec sens péjoratif, par exemple de l’eau sale. Ce salaud de Pétrus, tout son plési c’est de gabouiller dans le ruisseau. — D’un radical bol, qui, en germ. et en celt. signifie mare, plus le préfixe péjoratif ga et le suffixe ouiller, propre aux mots exprimant le rejaillissement de l’eau (comp. benouiller, gassouiller), et qui s’est ici confondu avec le thème.

GÂCHIS, s. m. — « Il y a du gâchis ; dites brouillamini, désordre, » ajoute Molard. Comme cela lui arrive souvent, il veut corriger l’Académie : « Il se dit, figurément et familièrement, de quelque affaire désagréable, dont il est difficile de se tirer. » (Dict. de l’Académie.)

GADIN, s. m. — Caillou. Fais-me don passer ce gadin ! — Il m’est impossible de savoir d’où vient ce mot qui n’a de congénère dans aucun dialecte. En argot gadin signifie bouchon. Le mot lyonnais (que je ne crois pas ancien) est-il le même avec déviation du sens ?

GADROUILLER, v. à. — Le même que gabouiller, avec sens plus péjoratif. Il se dit d’une eau plus sale. — Le thème primitif est peut-être gadoue, car on trouve dans divers patois (entre autres dans le lyonn.) la forme gadouiller ou son équivalent.

Les marins ont vadrouille, torchon au bout d’un manche, et qui, trempé d’eau, sert à nettoyer le pont.