Page:Le Littré de la Grand'Côte, éd. 1903.pdf/133

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Eh bonjour, chère Madame, quelle bonne mine vous avez ! un vrai c… de pauvre ! — Vous êtes vraiment trop aimable. Mais ce n’est rien, ça : si vous voyez du corps ! Le fait est que mon mari me disait hier soir que je rajeunis tous les jours.

On dit aussi Des joues comme les fesses d’un pauvre homme. On choisit : affaire de goût.

Lever le c…, terme de commerce, Faire faillite. Autrefois, à Lyon, le failli était astreint à convoquer ses créanciers sur le parvis de Saint-Jean, à se dépouiller de ses vêtements devant eux pour leur montrer qu’il leur abandonnait tout ce qu’il possédait, et à s’asseoir à cru sur la cadette.

Au xve siècle, Guy Pape nous apprend que celui qui demandait à faire cession de ses biens s’asseyait encore nu en public sur une pierre qui était devant l’auditoire. Dans la suite, il dut seulement se présenter à l’audience « dans une attitude humble » et là, en présence du juge, il ôtait sa ceinture, qu’il abandonnait à ses créanciers. Aujourd’hui il n’a plus qu’à déposer son bilan. D’après une loi en préparation, il suffira qu’il leur fasse la gniaque.

Je crois que cette dame s’est levée ce matin le c… le premier. Se dit d’une personne qui paraît de mauvaise humeur. Nous avons des dames qui ne se lèvent jamais la tête la première.

Brûler le c… Voy. brûler.

Baiser le c… de la vieille. Voy. baiser.

C…-bénit, Mot qui ne doit pas se dire pour personne mariée. En les entendant se disputer, j’ai compris tout de suite que c’était des… personnes mariées. On ne saurait trop recommander aux jeunes gens qui sont en fréquentation d’éviter de se servir devant leurs futures de cette expression, que l’on s’étonne de ne pas voir proscrite par le respectable Molard.

C…-blanc, s. m. — 1. C’est le nom que nous donnons à un oiseau qui a des plumes blanches sur le croupion. Le bon Molard qui orthographie cublan, prétend qu’il faut dire un vitrec. Depuis Molard le nom de vitrec a été remplacé par celui de saxicole. Quand vous déterminerez un chasseur à dire : J’ai tué un saxicole, au lieu de J’ai tué un c…-blanc, il fera cent vingt-cinq degrés de chaleur, raie au mur. — Je ne sais pourquoi le vénérable Molard a fait disparaitre cublan de l’édition de 1810.

2. Bisque, colporteur du « pays nostre ». Les c…-blancs, jusqu’en 1840, formaient une partie importante de la clientèle de la maison Puitspelu, en rue Basse-Grenette, au numéro 14 : Rouennerie, toiles, cotonnades, enfin pattes à briquet en général. — Le nom vient de ce que les c…-blancs portaient ordinairement des vêtements de toile grise ou blanche.

C…-de-piau, s. m., Marinier. Pour autant que le fond de leurs culottes, pour plus de solidité, est communément garni de cuir.

C…-de-plomb. s. m., Homme sur un rond de cuir, devant une table à écrire. — Méchant métier pour la santé. Ce qu’il y a dans ce rond de cuir d’anorexies, de chiragres, de podagres, de néphrites, d’anémies, de paraplégies, d’hémiplégies, de cystites, d’arthrites, de gastralgies, de dyspepsies, de glycosuries, de phosphaturies, d’azoturies, d’albuminuries, de prostatites, de pyélites, etc., etc., etc., nul ne le saura jamais.

Voici qui montre quel tort c’est de ne pas enseigner le lyonnais dans les couvents et les lycées de jeunes filles. Je connaissais une aimable demoiselle en âge d’être mariée. Le père voulait d’un commis de ronde. Comme bien s’accorde, la mère n’en voulait pas. Elle entendait d’un employé à la recette générale. Je veux pas qu’Aspasie épouse un cul-de-plomb ! s’écriait le père avec véhémence.

Comme bien s’accorde, Aspasie écoutait à la porte. Elle était trop instruite pour ignorer qu’on fabriquait des nez d’argent et des têtes en buis pour les invalides estropiés. — On l’appela. Comme bien s’accorde encore, la mère l’avait emporté. Aux premiers mots, l’infortunée jeune fille tombe à genoux en sanglotant : Ô maman… an… an !… je t’en supplie ! Pas un homme qui en ait un en plomb… omb… omb !…

C…-levé, Faire un c…-levé à l’écarté, c’est jouer alternativement, chaque joueur qui perd se levant et cédant la place à un autre.

Peigne-c… Se dit de ceux qui écorchent les poux pour en avoir la peau. L’idée est que le de cujus ne reculerait devant aucune besogne pour en tirer profit. Souvenir du xvexvie siècle, et des barbiers attachés aux étuves des deux sexes, lesquels étaient fort déprisés à cause de la nature de leur besogne, exprimée dans le vers célèbre du Rondeau des Barbiers : « Tondre, etc. » (Recueil de poésie françoise, 1550.)