Page:Le Littré de la Grand'Côte, éd. 1903.pdf/132

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CUCHON, s. m. — Tas, amas de matières quelconques, généralement de forme conique. Un cuchon de z’équevilles. Mon camarade Greluchard me disait un jour : Figure-toi qu’à la sortie de l’Alcazar, c’était bachique : y avait par terre un cuchon de masques qu’équiont soûls. — Vieux franç., cuche, même sens, d’origine inconnue.

CUILLER. — Tourner la cuiller autour du pot, Prendre des précautions oratoires. D’après La Rochefoucauld, l’amour platonique serait proprement le tour de la cuiller autour du pot.

CUINÉ, ÉE, adj. — Ruiné, perdu, qui est à cras. À l’écarté, abattant son jeu : Le roi et le point ; t’esses cuiné ! — Forme de couiné. Celui qui est cuiné est comme celui qui est couiné, c’est-à-dire qui a poussé son dernier cri.

CUIR. — Le cuir sera bon marché, les veaux s’étendent. Se dit amicalement à quelqu’un qui s’étire.

CUIRASSIER, s. m. — Celui qui fait des cuirs.

CUIRE, v. n. — Mettre à cuire, avoir affaire à forte partie, par suite de démarche ou attaque imprudente. (M. D.)

CUISON, s. f. — Cuisson, surtout dans le sens de douleur à la peau. Touche pas les chenilles, ça donne de cuisons.

CUISSE-FROIDE, s. f. — Se dit d’une personne qui n’a rien d’un volcan. Je demandais un jour à la bonne Mme du Poivre pourquoi elle ne mariait pas son aîné, qui était chez un marchand de mélasse. Que voulez-vous que je marie cette cuisse-froide ! me fit-elle avec un ton d’indicible mépris.

CUIVRE. — Eau de cuivre, Eau pour nettoyer les objets de cuivre. Métonymie simplifiante.

CUIVRER, v. a. — Donner de l’argent. Un jour, aux Célestins, l’acteur Huguet étant indisposé, le régisseur proposa au public d’échanger ses billets contre des billets pour une représentation ultérieure où jouerait l’acteur. Mais le parterre debout se révolta. Nous ons cuivré, criait-on de toutes parts, nous volons gin de papi !

CUIVRES. — Faire ses cuivres. C’est, pour nos ménagères, frotter tous les cuivres de l’appartement : tirages de sonnettes, boutons de porte, cadres de cheminée, croissants, etc., de manière à leur faire tirer les yeux. Dans un ménage bien ordonné, on ne faut jamais à faire ses cuivres tous les samedis. C’est une agréable plaisanterie de dire à quelqu’un qui s’est lavé le visage : On voit que c’est samedi, aujourd’hui ; tu as fait tes cuivres.

C… (parlant par respect, je le dis ici une fois pour toutes) — Avoir la v… du c… tournée. Voy. v….

Tourner le c… au pain, Agir contre ses intérêts. D’un candidat qui n’a pas voulu se faire radical, on dira : Il a tourné, etc.

Avoir le c… sur le visage, Avoir une mine florissante de santé.

Prendre son c… par l’oreille, S’en aller.

Se sauver sans prendre le temps de dire au c… de venir, Décaniller à toute vitesse.

Avoir l’esprit pointu comme le c… d’une bareille, Ne pas l’avoir très subtil.

Prendre son c… pour ses chausses, Se tromper lourdement. En effet l’erreur est forte.

Mettre une bareille à c…, La lever sur le fond.

Rencontrer c… à son nez, Rencontrer quelqu’un qui vous résiste en face.

Être à c…, Être à cras, être ruiné, etc.

Donner un coup de c…, S’armer de courage pour faire une montée. Par extension, faire un effort en général. J’écris une élégie à faire fondre en larmes, m’écrivait un poète. Encore un coup de c…, et elle sera finie.

Coup de c…, La montée elle-même. De la Maison-Blanche à Yzeron, il y a un bon coup de c…

Montée de Tire-c…, Aujourd’hui montée des Chazeaux.

C… sur c…, En désordre, sens dessus dessous. Nous sommes en remuage. Chez nous tout est c… sur c…, mo disait la très digne Mme V…, dont le gendre a été président du Tribunal de commerce.

Être c… et chemise. Se dit de deux personnes intimement liées. Ce sont deux c… dans une chemise, même sens.

Un visage comme un c… de pauvre. Se dit du visage d’une personne grasse, fraîche, rose, en bon point. C’est un compliment que l’on fait volontiers à quelqu’un que l’on n’a pas vu depuis un peu de temps, et qui fait toujours plaisir :