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« mon amant » en parlant de ce fiancé qu’elle n’a pas épousé. Elle le fait exprès, je pense, pour me choquer et pour que je ne m’attache point à elle.

Il y a des phrases d’elle que je transcris de mauvaise grâce :

« N’ayez aucune confiance en moi, dit-elle, je n’ai jamais fait que des folies.

« J’ai couru des chemins, toute seule.

« J’ai désespéré mon fiancé. Je l’ai abandonné parce qu’il m’admirait trop ; il ne me voyait qu’en imagination et non point telle que j’étais. Or, je suis pleine de défauts. Nous aurions été très malheureux.

À chaque instant, je la surprends en train de se faire plus mauvaise qu’elle n’est. Je pense qu’elle veut se prouver à elle-même qu’elle a eu raison jadis de faire la sottise dont elle parle, qu’elle n’a rien à regretter et n’était pas digne du bonheur qui s’offrait à elle.


Une autre fois :

— Ce qui me plaît en vous, m’a-t-elle dit en me regardant longuement, ce qui me plaît en vous, je ne puis savoir pourquoi, ce sont mes souvenirs…


Une autre fois :

— Je l’aime encore, disait-elle, plus que vous ne pensez.