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LA. VIE DE MONSIEUtt DE 0UERIOLET. 789 entre dans cette Eglise par curiositY, pensant n’assister qu’it des farces jofies par des foiles; mats Dieu dont les ,:oyes sont inconnus se servit des demons mesmes pour luy ramcrier tit esprit gari, qu’ils avoient eu si long-temps sous leur puissance. Voicy cornroe la chose arriva, it ce qu’il a luy-mesme avofi, le demon ne luy dit rien cette journe ny mesme le lendemain qu’il y revint, mats y estant retourn le troisi6me jour il commena it le raillet de ses bravoures, & dans les suivans off il se trouva, il luy dit taut de choses caches de sa Vie & de ses dbauches que son coeur en ffit touch; il en parut mesme si melancholique, ClUe son hoste estant surpris de ce changemerit ne pat s’emp6cher de luy en demander des nouvelles, qu’il tacha de pretexter le mieux qu’il pfit; cependant estant all revoir le jour d’aprs les possedies, comme celuy qui les exorcisoit fit commendement au demon d’en sortir, ct esprit des tenebres le refusa, disant que ny les soreiers ny les magictens ne le faisoient pas teuir la. Et qu’y fais-tu doric, )> reprit le Pete: (( Que sais-tu, ditle demon, sice n’est pour la conversion de ct homme, en montrant Monsieur de Queriolet; ces paroles l’ayont fait approcher, le demon luy mit devant les yeux ce qu’il avoit fait de plus abominable, sans oublier le coup de pistolet qu’il avoit tir contre le Ciel, & il rpondit en suite it toutes les demandes que ce coeur veritablemerit touch luy fit, & entr’autres pourquoy il estoit sorty des Chartreux, ( pour ton impudicit, dit le demon, parce que Dieu ne voulut point souffrir un hornroe si impur en une si salute Maison -- Ce fur slots, a ditle sieur de Queriolet luy-mesme, que je commen9ay it avoir peur, je me sentis tout trensi; le Pere me regarde, je luy dis, mort Pete, ila touch an but, j’ay fait ce qu’il vient de dire. Ah I il est desor- mats temps de pleurer mes pechez, & de me convertir Dieu, apris que par sa miseri- corde, il m’a attendu taut d’annes it penitence. Mats, hlas I j’ay grand sujet de craindre de ne pouroir jamais me dfaire de mes abominables & in-eteres habitudes; j’en ressens deux entr’autres, qui me tiennent cornroe enchaisni, l’une est la libertine frequentation des femmes, l’autre de ne pouvoir ceder it personne. >) I1 cornmerida d’abord une Confession publique de ses crimes accompagnte de sanglots & de larmes, qu’il refit en particulier it un hornroe de grande vertu, qui luy conscilia de retourner le jour suivant aux Exor- cismes, off !e demon ne le vial pas plfttost, qu’il dit au Pere Exorciste: ( Voilit ton monsieur d’hier, & apres s’adressant au nouveau converty, il luy dit cent sortes d’injures, puts entassant un long discours sur le bon-heur de ceux que Dieu touche, & sur le mal-heur des demons qui ne sauroient estre receus it penitence: il luy dit entr’autres choses; (( Autrefois j’estois familier de ce bourreau, maintenant par sa conversion il me tourmente & me gesne: je me vengeray bien de toy, quarid tu t’en iras je t’accompagneray & je te feray battre comme un diable; je te feray prendre pour un espion; je te feray mourir de faim, empeschant qu’on te loge & qu’on te fasse l’aum6ne quarid tu iras & l’Hospital; tousles gueux te maI-traiteront, l j’y en feray aller d’autres quite mettrout tout nud. )) I1 retourna en suite dans sa Maison dans le desseth de se donner tout it Dieu, off le demon ne manqua pas de l’attaquer de toutes les faons, & sur les parties dans lesquelles il estoit plus delieat; ila dit luy-mesme que des femmes le sont aller chefchef aleputs dans sa matson, & une entr’autres qui a avofi qu’elle l’avoit suivy dans l’Eglise, esperant faire sa fortune en !’pousant, & I’ayant attendu la sortie de ce lieu Saint, elle luy dicouvrit son intention; nostre Penitent luy aleclara en peu de mots les motifs & l’estat de sa conversion, les obligations qu’il avoit la misericorde de Dieu de l’avoir attendu si longtemps it Penitence, le vceu qu’il luy avoit fait en recompense de renoricer au diable, au monde & a la chair, & it toutes leurs vanitez l leurs appas, l’exhortant de faire de roesroe ou du moths de ehereher party sillcurs, si elle ne vouloit se consacrer tout-/t.fait au service de Dieu, choisissant la meilleure part. I1 congedia en suite tous ses domestiques; il restoit dans sa chambre/ mediter ur le bontez de Dieu, & ne sortoit