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ANNOTATIONS.


LA PREMIERE STATION DE SAINT GONERI EN BRETAGNE (A.-M. T.).


Le Brenguilli dont parle Albert Le Grand était situé au milieu des ombrages touffus de la grande forêt de Brecilien ou Brocéliande. D’après M. de la Borderie « une tribu Païenne et armoricaine qui était allée sans doute dès le Ve siècle y chercher un refuge contre les invasions barbares, s’y était approprié un territoire étendu appelé Noala, lequel forma depuis l’immense paroisse dite Noial-Pontivi. Sur le territoire défriché par Goneri se forma un plou dont les habitants ainsi que ceux de Noala l’accablaient d’hommages. Fuyant la vénération qui s’attachait ainsi à sa personne il remonta vers la côte nord, où il retrouva sa mère, sainte Eliboubane menant une vie sainte et solitaire dans un ilot verdoyant près de l’embouchure de la rivière de Tréguier (l’ile Loaven). Lui-même vécut et mourut sur la côte voisine, où l’on voit encore son sarcophage et son ermitage, qui est devenu sa chapelle, près du bourg de Plougrescant. »

Une ancienne Vie de saint Tugdual dit que dans la predication de la parole de Dieu le grand apôtre du pays Trécorois était accompagné d’un grand nombre de saints personnages ; M. de la Borderie pense que ces compagnons étaient: l’historien même de saint Tugdual, Louénan, Ruilin, Kirec, Briac, Paulus, Mactronus, et « avec moins de certitude Maudez, Efflam, Goneri, qui tout au moins sont de la même époque et agirent dans le même esprit. »

LES RELIQUES ET LE CULTE DE SAINT GONÉRI (A.-M. T.).


Monsieur l’abbé Y.-M. Lucas, autrefois vicaire à Plougrescant, aujourd’hui recteur de Saint- Michel-en-Grève, a publié dans la Revue historique de l’Ouest une ancienne Vie de saint Gonéri et l’a fait suivre d’une étude sur les reliques et le culte du saint. M. de la Borderie qualifie ce travail d’ « excellent ». Nous y relevons les détails qui suivent:

« Avant la Révolution, les reliques de saint Gonéri étaient conservées à Plougrescant, dans de magnifiques reliquaires d’argent. Les reliques furent relativement respectées, mais les reliquaires, véritables objets d’art et de valeur, furent emportés par les patriotes, comme le furent les reliquaires de saint Tugdual et de saine Yves à Tréguier.

» Les reliques de saint Gonéri avaient été canoniquement visitez et reconnues authentiques, le 18 mai 1638, par messire Louis du Moulin, recteur de Plougrescant, délégué de Mgr Noël Deslandes, évêque de Tréguier ; le 6 avril 1648, par messire Jean du Sontfour, prêtre, chanoine et vicaire-général de Tréguier, agissant au nom et par ordre de Mgr Balthazar Grangier, évêque du diocese ; le 17 juillet 1747, par Mgr Charles-Guy Le Borgne de Kermoran, évêque de Tréguier, la demande de messire François-Ignace Le Gendre, sieur de Boisbrun, recteur de Plougrescant ; le 25 juillet 1807, par M. l’abbé Pierre-Joseph-Marie Le Garat de Saint-Priest, ancien vicaire-général de Mgr Augustin-René-Louis Le Mintier, et ancien chanoine de la cathédrale de Tréguier, vicaire-général de Mgr Jean-Baptiste Caffarelli, évêqne de Saint-Brieuc, et par lui délégué à la requête de messire Etienne-Gabriel-Marie-Arthur de Keralio, recteur de Plougrescant ; enfin le 19 juillet 1813, par Mgr Caffarelli lui-même.

» En 1883 les reliques de saint Gonéri furent déposées dans la châsse qui les renferme actuellement et dont les Paroissiens furent seuls à faire les frais ; la souscription ouverte à cet effet par le recteur M. Le Rolland, et le vicaire M. Guénégou, s’éleva an chiffre de 1,200 francs. »

Si c’est là une marque de la dévotion qui s’attache fidèlement au saint patron de Plougrescant, elle n’est pas isolée ; les malades viennent nombreux prier à son tombeau et en rapportent