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l’un de l’autre, et leur séparation s’en adoucissait. La voix que Francésa avait entendue derrière elle, le soir de son rendez-vous avec Thomassin, ne l’avait troublée qu’un moment. Elle aimait trop son promis pour le soupçonner d’une mauvaise action ; elle ne voulait point croire non plus, malgré les apparences, que Coupaïa ne fît qu’une avec sa mystérieuse interlocutrice de la lande. Elle ne gardait un peu d’inquiétude que sur l’issue des négociations commerciales de Thomassin. Pourtant elle lui avait obéi avec fidélité. Elle s’était composé un autre visage et, comme le vieux Prigent ne lui parlait plus depuis son éclat, elle était allée à lui avec une feinte contrition :

— Tad, j’avais tort. Il ne convient pas que j’épouse moins riche que moi. Ah ! si Louis Thomassin avait eu quinze cents livres de rente, tu l’as dit toi-même et je le retiens dans mon cœur, rien ne m’eût empêchée de l’épouser. Mais il n’a que sa solde et cinq cents livres, ce n’est pas suffisant…

Le vieux Prigent fut tout ragaillardi de cette déclaration.

— Alors, tu veux bien de Roland Le Coulz ? demanda-t-il.