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appareil frigorifique à dégagement d’ammoniaque et de chlorure de méthyle, une aération ingénieuse y entretenait suffisamment de fraîcheur pour que les fraises arrivassent sur les marchés en parfait état de conservation.

La Farmers-Union, la Shippers-Union et la New-Union se sont fondues depuis lors en une seule société : l’Union. Et peu s’en fallut que le trust de la fraise ne fût réalisé, l’Union, composée de gros producteurs, régentait le marché, pesait tyranniquement sur les cours : la situation devenait intenable pour les petits et moyens producteurs qui parlaient déjà de « faire passer la charrue dans les fraisières ». Mieux inspirés, ils s’associèrent à leur tour (1906) et opposèrent syndicat à syndicat. La F. F. (Fermiers Fraisiéristes), après des débuts assez pénibles, finit par prendre pied sur le marché. Un tiers de la production fraisicole s’écoule par ses steamers. Le plus curieux est que chacun de ces syndicats a pour président un Le Gall. On les distingue par leur lieu d’origine. Le Gall des Rosiers préside l’Union, et Le Gall de Pénanéro préside la F. F. Je ne serais pas étonné qu’ils fussent parents de surcroît : les mariages entre consanguins sont quasi la règle à Plougastel ; on ne s’y marie qu’« entre soi ». Qu’arrive-t-il ? C’est que tout le monde est un peu cousin et que le même nom est porté par des centaines de familles. Pour se reconnaître dans cette kyrielle de Kervella, de Calvez, de Jézéguel, de Kerzoncuff, de Le Bot et surtout de Le Gall qui sortent de terre à chaque pas, il faut recourir aux sobriquets ou les désigner par la breuriez dont ils font partie ou le nom des convenants qu’ils habitent…

Au petit port du Passage, où je m’étais rendu, en avril précédent, vers 5 heures du soir, pour repren-