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ou arbre des âmes ; sa mise aux enchères a dû commencer avec le glas…

Cette fois encore, un supplément d’explication n’eût pas été inutile ; mais le temps pressait et le plus sage me parut de courir au cimetière. Je n’y arrivai malheureusement que pour assister à la péripétie finale de la pièce. Du socle de la croix qu’il avait pris pour estrade, mon fournier-sacristain de naguère, transformé en crieur public, levait vers la foule massée sur le placitre une sorte de grand candélabre en bois tourné dont les branches au lieu de chandelles, portaient des pommes — de belles pommes rouges — à chacune de leurs extrémités.

— Vingt-huit livres dix sous… Personne ne met au dessus ?… Adjugé !

J’étais navré… Quelqu’un me tira par la manche. C’était le « chulot » du débit qui m’avait suivi sur le placitre.

— On vend des arbres semblables dans chaque breuriez ou frairie, me dit-il, et on ne procède généralement à leur adjudication qu’après celle de l’arbre paroissial. En un quart d’heure de marche vous pouvez être rendu à la Fontaine-Blanche, la frairie la plus proche. Je vais moi-même de ce côté. Donc, si le cœur vous en dit…

L’invitation ne pouvait tomber plus à propos. Chemin faisant, mon compagnon me fournit tous les éclaircissements désirables sur l’institution des arbres mortuaires… Ces arbres ne sont pas tous en forme de candélabres. Il en est de beaucoup plus simples, comme celui de la frairie Saint-Trémeur, qui est un petit if de trois mètres de haut environ : le tronc en est écorcé, les branches taillées en pointe et l’on ente d’autres branches artificielles dans le