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curieux qui affluent par milliers de Paris et des villes environnantes afin d’assister aux « mariages collectifs », de ne voir aucun cortège à l’entrée ni à la sortie de l’église. Est-ce un effet de la pudeur bretonne ? Toujours est-il qu’hommes et femmes se rendent à l’église séparément et comme en se dissimulant ; ils se débandent pareillement à la sortie et gagnent le plus tôt possible leurs auberges respectives. Aussi bien ne sont-ils pas venus directement de chez eux à l’église. Dès le lundi soir, ils ont débarqué au bourg en carriole et dans leur petite tenue ; leurs costumes de cérémonie, convenablement empaquetés, ont été déposés chez des parents, des amis ou chez le cabaretier même. Ceux qui sont venus à pied frètent des breaks en ville. Et, à la prime aube du lendemain, toute cette carrosserie s’ébranle vers le domicile des fiancés. Mais, remarquez-le, personne n’est encore en costume de cérémonie. La fiancée, ce matin-là, s’est rendue dans les fermes voisines pour distribuer des tartines de pain et de confitures aux enfants. Un roulement de tonnerre sur la route, et les barrières sont à peine ouvertes que les carrioles et les breaks des invités se précipitent dans la cour au grand trot. On descend, on trinque puis on remonte en voiture, avec le fiancé et la fiancée.[1] Une pétarade de coups de fusil salue le départ du cortège qui reprend le chemin du bourg. C’est alors seulement (après l’arrivée au bourg) que les invités revêtent leur costume de cérémonie. La bénédiction nuptiale se donne à neuf heures. Chacun se rend de son côté ; les couples que le prêtre doit unir se placent sur deux ou trois rangs devant la balustrade de l’autel. Quant aux invités, ils s’entassent

  1. Ceux-ci seuls sont à jeun pour pouvoir communier.