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Il en découle que, pour subvenir aux nécessités journalières, une Plougastéloise qui se respecte doit posséder au moins une grosse de coiffes, soit 144 !

Cela suppose une certaine aisance, parfaitement réelle d’ailleurs et dont la richesse des costumes enfantins nous fournit une nouvelle confirmation. Mais comment se reconnaître dans tout ce bariolage, au milieu de cette sarabande polychrome des bonnets, des tabliers, des luren ou bandelettes à franges d’or et d’argent, des turbans, des châles, des jupes de dessous nommées sae chez les enfants en rupture de maillot, puis drogot chez les fillettes de quatre à douze ans et qui présentent alors cette particularité de se rattacher au krapos pour tenir la taille ? Le lostenn se noue, en effet, à la ceinture et ne peut être porté que par les femmes dont les hanches sont formées.

On le voit, tout ou presque tout, dans ces costumes, est méticuleusement établi et réglé ; la part du caprice, de la fantaisie individuelle, y est aussi restreinte que possible : du premier coup d’œil, un connaisseur distingue au genre de sa vêture la condition d’un Plougastélois ou d’une Plougastéloise. Et voici le plus étrange de l’histoire : costumes masculins, costumes féminins, costumes d’enfants sont confectionnés à Plougastel par des femmes. Le seul kemener (tailleur) de la commune, vieux vétéran des guerres du troisième empire et de 1870, François Ropartz, plus connu sous le sobriquet de Fanch ar Pruss, a pris sa retraite l’an passé[1]. On ne suppose point qu’il ait eu des successeurs. Deux sortes d’ouvrières travaillent aux costumes tant masculins que féminins ; la couturière proprement dite et la tail-

  1. 1910.