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bleu pour le service funèbre que les familles des deux mariés font célébrer à la mémoire de leurs défunts. Le bleu, pourtant, n’est pas la couleur exclusive du deuil, comme le violet est surtout la couleur de la joie : c’est aussi la couleur sérieuse, adoptée par les hommes d’un certain âge. Mais ce bleu est de plusieurs tons : vers trente ans, les hommes mariés qui l’adoptent choisissent le bleu d’outre-mer ; les vieillards lui préfèrent le bleu de Prusse, qui se rapproche du noir. On voit apparaître, d’ailleurs, depuis quelques années, le noir comme couleur de deuil : le gilet noir à ganse bleue est particulièrement grand deuil.

Des prescriptions tout aussi sévères régissent l’habillement féminin. Plus lourd, moins chatoyant que celui des hommes, il comprend deux jupes : celle de dessous, lostenn dindan, en flanelle bleue ; celle de dessus, lostenn war c’horré, en drap noir pendant la semaine, en drap violet les dimanches et jours fériés et toujours liserée d’orange. Sur cette seconde jupe, on noue, pour le courant, un tablier de pilpous rayé ; les jours de cérémonie, un tablier en soie bleu pâle, verte, rouge ou gorge de pigeon, avec application de dentelles d’argent. Le corsage, véritable cuirasse, s’appelle krapos : suivant le cas, il est vert, violet ou bleu, et se porte sur l’hivizenn, sorte de camisole en drap noir, relevée aux manches jusqu’à la hauteur du coude, de manière à former une sorte de poche où les ménagères précautionnées insèrent la liste de leurs « commissions ». Un tricot de même couleur (blanc pour les noces) descend jusqu’aux mains. N’oublions pas le chiloc’h ou coq. C’est le nom donné à l’espèce de crête qui termine par derrière le krapos. Il est en carton rigide, recouvert de drap galonné : placé à la proue