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raître un litre d’eau-de-vie » ; serré aux genoux, ce pantalon moule étroitement la jambe jusqu’au cou-de-pied. Les vieux seuls portent encore des pantalons de berlinge, étoffe de laine grossière généralement brune et extraordinairement résistante, dont la principale fabrique se trouvait au moulin à foulon de Kergoff. L"élevage des moutons ayant presque entièrement cessé dans la commune, le moulin a fermé ses portes. Un vieillard me disait :

— J’ai quatre pantalons. Trois sont en berlinge et ils me survivront.

— C’est vrai, confesse son compagnon, plus jeune. Ces berlinges duraient très bien vingt ans. C’était quasi inusable. Mais l’élevage des moutons ne peut s’accommoder avec le développement de la culture maraîchère.

Sur le reste du costume masculin, il n’y a aucune particularité notable à signaler : bas, souliers, sabots ressemblent à ceux des autres régions de la Bretagne ; mais la chemise, empesée, montante, comporte, en plus, une cravate en soie brochée de couleurs vives, fabriquée spécialement à Lyon[1] et non à Plousastel, comme le dit M. Choleau, où on se borne à la coudre et à la replier sur une doublure blanche.

En somme, un Plougastélois a toujours au moins trois costumes : un costume de travail et deux costumes de cérémonie. Le deuxième jour des noces, en effet les assistants du sexe mâle, qui sont en surgilet violet ou vert le premier jour, se mettent en surgilet

  1. D’une façon générale d’ailleurs (et sauf autrefois le berlinge et le pilpouz) les éléments du costume plougastélois sont fournis par le dehors : c’est à Montauban, par exemple, que se fabrique spécialement pour la péninsule le drap violet nommé solférino en français, chilisi (déformation du mot français silésie) mouk en breton.