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cadre à grosses moulures, abritant un autel, la face et les côtés ornés de bas-reliefs de la vie du Christ et de sculptures en niches, plus de deux cents personnages grouillent au pied de trois croix, mettent en scène, comme sur un théâtre, le drame de la Passion. La croix principale s’élève au-dessus d’une colonne de granit coupée de deux traverses : sur la première, le Christ est enseveli par les femmes ; à chaque extrémité de la seconde, deux cavaliers, tête levée, attendent le dernier soupir du Crucifié. Les deux larrons, cloués aux deux autres gibets, se contorsionnent dans les affres de l’agonie. Pour la foule rassemblée autour des suppliciés, il n’y faut pas chercher la beauté ni la grâce, mais la vie pittoresque naïvement exprimée avec effort et gaucherie. Ce sont comme des groupes de figurants et l’on a là, une fois de plus, par la sculpture, l’équivalent des mystères joués aux porches des églises, leur représentation fixée par la pierre. Tous les épisodes de la Passion se présentent ensemble, avec les prêtres, les soldats, les apôtres, la foule, tout ce monde vêtu des costumes du temps ; les paysans joueurs de biniou accompagnant le Christ au jour où il entre à Jérusalem. »

Ce dernier détail, qu’on retrouve, du reste, chez tous les auteurs, depuis Souvestre jusqu’à M. Ardouin-Dumazet, est très sujet à caution. Comme l’a observé M. Ouizille, « c’est seulement sur l’entablement de la face que l’on aperçoit des instruments quelconques de musique : en tout et pour tout un tambour et deux olifants — et l’olifant n’a aucun rapport, même le plus éloigné, avec le biniou ou avec la bombarde. » Mais la légende est plus forte que l’histoire. Celle-ci a si bien pris racine dans les cerveaux que les Plougastélois eux-mêmes, — j’en-