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L’HÉROÏSME BRETON[1]



Dans la forêt de Pinon, cernée par l’ennemi, trois bataillons du 219e d’infanterie tenaient encore le soir du 27 mai 1918. On les croyait anéantis ou prisonniers, quand un pigeon voyageur, sous son aile endolorie, apporta au général de Maud’huy ce message :

« Mon général, nous sommes encerclés. Mais nous tiendrons. Sinon, nous mourrons jusqu’au dernier. »

Le message était signé : « Pérès, chef de bataillon. » Il eut l’honneur d’un communiqué spécial à la séance de la Chambre du 4 juin. Débloquer ces braves ? Impossible, hélas ! d’y songer. Mais cet îlot de résistance au milieu de la marée ennemie gênait sa montée et l’obligeait d’emprunter des couloirs latéraux. Le temps employé à cette manœuvre débordante permit à nos réserves d’arriver, d’endiguer le mascaret allemand. Après ? Après, on ne savait plus.

On savait seulement que ces hommes, depuis leur commandant, né à Plestin-les-Grèves (Côtes-du-Nord), jusqu’à son ordonnance, Jean-Marie Le Goff, cultivateur, originaire de la même commune, étaient tous des Bretons. Leur tâche finie, ils étaient rentrés

  1. Nous remercions MM. Bloud et Gay de nous avoir permis d’emprunter à notre livre les Trois Maréchaux, publié chez eux, cette page par laquelle nous souhaitions clore la 4e et vraisemblablement dernière série de l’Âme Bretonne.