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Le fait est qu’on voyait jusqu’à ces dernières années, dans le cimetière paroissial, la pierre tombale du brave sire, une grande dalle oblongue de schiste noir, autour de laquelle courait cette inscription : CY GIST LE FEU SIEUR DE KERERAULT MORT DE LA PESTE LE DIMANCHE 27 SEPTEMBRE 1598.

J’ai cherché vainement dans le nouveau cimetière (l’ancien a été désaffecté) cette dalle émouvante. On ne put me l’indiquer et il y avait une bonne raison à cela : c’est qu’elle a été transportée à Kerérault même où je l’ai trouvée le surlendemain, verdie de mousse et adossée à la chapelle privative de la famille Romain-Desfossés, propriétaire actuelle du domaine. Peu s’en fallut que je ne la prisse pour un banc : la plus grande partie de l’inscription est illisible, la terre et les graminées ayant envahi les creux et débordé tout autour. Seul le mot PESTE se détache nettement et donne à cette dalle un accent lugubre. Après trois cents ans, le souvenir du terrible fléau ne s’est pas encore effacé de la mémoire populaire : une croix écotée, à l’entrée de l’Armor, porte toujours le nom de Croaz ar vossen (croix de peste) ; à Kerhalvez, on montre un puits, aujourd’hui comblé et qui passe pour receler les ossements d’un grand nombre de pestiférés. Sur l’origine et la marche de l’épidémie, nous possédons le témoignage d’un contemporain particulièrement averti, farouche ligueur, mais probe historien, le chanoine Moreau, conseiller au Présidial de Quimper.

« Après ce troisième fléau (la guerre, la famine, les loups), dit-il, s’ensuivit la peste, qui était le quatrième, qui fut l’année 1598, un an après la paix,

    un des chefs qui conduisaient, en 1590, une « troupe assez gaillarde de royaux » contre Caihaix. C’est peut-être le même.