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la Gaule, il ne faut tout de même pas répondre par les celtes d’Outre-Manche et sauter d’un bond au Moyen-Âge. Là, oui, M. Pelletier a raison et je n’ai jamais prétendu le contraire, je l’ai même affirmé dans tous mes livres, il y eut un moment où la pensée celtique, par l’intermédiaire probable des Bretons armoricains, féconda le monde occidental et collabora intimement — mais avec qui ? avec l’Église, avec Rome, toujours elle ! — à la formation de l’Âme médiévale, exactement comme au Ve siècle, par saint Patrick, le grand apôtre gallo-romain de l’Irlande, Rome avait collaboré avec la pensée celtique pour former l’Âme irlandaise.

C’est cette collaboration, si heureuse, que je voudrais qui continuât. Répudier l’un des deux éléments d’où est sortie l’âme française, prononcer le divorce entre l’élément celtique et l’élément latin, c’est vouloir notre mort tout uniment. Voyez l’Irlande, voyez l’Écosse. M. Pelletier me traite en ennemi du celtisme[1] : quelle erreur ! Je sers le celtisme en le mettant en garde contre les exagérations de l’esprit de système. Quand M. Schuré, dans la belle lettre publiée ici même, écrit : « L’auteur des Grands Initiés n’ignore pas tout ce que nous devons à la civilisation gréco-latine qui représente la tradition humaine et divine venue d’Orient ; il sait aussi que sans elle nous ne serions pas parvenus à la conscience », j’applaudis des deux mains à cette grande vérité. C’est par Athènes et Rome que nous

  1. Singulier ou trop explicable retour des choses ? En 1923, directeur d’une revue intitulée la Paix, M. Robert Pelletier était, d’après le Temps, l’objet d’une information, close d’ailleurs par un non-lieu, pour intelligence avec l’ennemi, le vrai, celui d’Outre-Rhin, dont je n’ai jamais douté qu’il fût éminemment sympathique à cette levée de boucliers contre la latinité.