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La véritable Velléda, qui ne nous est connue que par un texte de Tacite, était une Germaine, et nous ne sommes même pas sûrs que Velléda fût son nom. Le mot uedela, d’où l’on a tiré Velléda et qui signifie sublimité, a toutes les apparences d’un attribut.

« Cette femme, née chez les Bructères, dit Tacite, avait une domination très étendue, fondée sur cette ancienne opinion des Germains, qui reconnaissent le don de prophétie à quelques-unes de leurs femmes, puis en font des déesses par un progrès naturel à la superstition. Le crédit de Velléda s’accrut encore parce qu’elle avait prédit le succès des Germains et la ruine des régions. »

Faut-il vous rappeler enfin que, mêlée à la révolte de Civilis et des Bataves (70 ans après J.-C.), Velléda ne s’ouvrit pas la gorge avec sa faucille d’or, mais fut bel et bien livrée par ses propres troupes et figura dans le triomphe de Domitien ? La fortune posthume de cette patriote germaine est due tout entière à Chateaubriand qui lui a conféré, pour les besoins du sujet, de grandes lettres de naturalisation et, dès lors qu’on n’en a point fait un grief à l’auteur des Martyrs, il n’y a aucune raison de se montrer plus sévère à l’égard de l’auteur de la Druidesse. Quand on viole l’histoire, disait le vieux Dumas, il faut au moins s’arranger pour lui faire un enfant. M. Schuré nous a-t-il donné une Velléda digne de s’inscrire dans notre souvenir à côté des grandes héroïnes du romantisme ? Toute la question est là. Je tiens, pour ma part, qu’il a écrit une très belle œuvre, plus symbolique peut-être que dramatique — encore n’en suis-je pas sûr et il se pourrait que, représentée sur un théâtre de plein air, dans un cadre propice, à Ploumanac’h ou à Erdeven par exemple,