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de chapelle qu’au Passage[1] et l’on vient l’y consulter de très loin pour les enfants atteints de « langueur ». Dans sa fontaine, que la mer emplit deux fois par jour, on pose la chemise du malade : si elle flotte, c’est que l’enfant vivra ; si elle s’enfonce, c’est que l’enfant est condamné. D’où le surnom de Tu-Pe-Tu (littéralement : d’un côté ou de l’autre) donné à saint Languy. Sa chapelle est fort modeste, d’ailleurs, au dedans comme au dehors. Cambry a bien parlé aussi d’un puits extraordinaire qui se voit près de là et dont les eaux baissent quand la mer monte, et montent quand la mer baisse. Mais on me dit que tous les puits publics et privés sont dans le même cas sur les rives de l’Elorn. Biffons le puits. Aussi bien une demi-heure de marche nous sépare encore du bourg de Plougastel, premier, mais non le seul de mes « objectifs » et d’où je compte rayonner en divers sens à travers la péninsule. Parvenus sur la crête du plateau, nous nous arrêterons un moment pour contempler du haut de la Roche de l’Impératrice (elle porte ce nom depuis la visite que lui rendit, en 1858, l’impératrice Eugénie ) le magnifique panorama de l’Elorn et de la rade de Brest. Nous voici maintenant sur une grande route nue, bordée de friches et de maigres boquetaux. La flèche du clocher de Plougastel pointe entre les arbres ; la petite ville détache vers nous un de ses faubourgs. Nous avons fait trois quarts de lieue ; nous avons embrassé du regard cinq ou six kilomètres carrés de pays, et nous n’avons pas encore aperçu un seul champ de fraises !

  1. Je me trompais, et l’Envoûté de François Ménez m’apprend qu’il en avait au moins une autre au Boulc’h en Quemper-Guézennec (Côtes-du-Nord).