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Port-Louis, avec sa citadelle intacte, Lorient, avec son arsenal flanqué des deux pavillons Louis XV construits par la Compagnie des Indes, méritent l’attention des archéologues. Auray seule, que Rio, en 1840, appelait « la première ville du département », n’a plus que quelques pans de murs ; mais, comme elle rachète ce désavantage par les admirables perspectives de sa promenade du Loch, ses rues capricantes, ses maisons vénérables et ventrues, aux armes des Montigny, des Montcalm et des Gouvello !…

Ce qu’il faut mettre à part, dans le Morbihan, et qui confère à ce département, parfois si âpre, un caractère proprement unique, c’est le lacis verdoyant de ses anses intérieures, ce sont les petites méditerranées formées par les embouchures de ses rivières, c’est la poussière d’îles et d’îlots jetés comme à la volée dans ses estuaires, ses fiords, ses lagunes, ou posés en brise-lames (Groix, Belle-Isle, Hœdic, Houat) à l’avant-garde du continent. Belle-Isle en particulier n’a pas volé son nom : toutes les gammes de la lumière, toutes les folies de la couleur y chantent un cantique éperdu. Derrière ce barrage et à la faveur des courants secondaires du Gulf-Stream qui pénètrent dans ses pertuis, le littoral morbihannais est un des plus tempérés de la France, au point que la vigne y donne chaque année, dans la presqu’île de Rhuys, une récolte abondante et que, dans cette même presqu’île et dans la plupart des îles du Morbihan, fuchsias, lauriers-tins, mimosas, arbousiers, figuiers, myrtes, aloès poussent en plein air comme à Cannes et à Menton.

Là encore pourtant nous retrouvons les étranges monuments funéraires qui ont tant intrigué autrefois les archéologues et dont le secret semble aujour-