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D’ORLÉANS À LANDERNEAU


À Raymond Prévost


Madame de Sévigné, quand elle allait en Bretagne, prenait volontiers le coche d’eau qui la menait en musant à Ancenis ou à Nantes, d’où, par voie de terre, elle gagnait les Rochers. On n’était pas à quelques jours près en ces âges d’innocence et l’on ne souhaitait pas, à peine parti, d’être déjà rendu. Nous avons changé tout cela et, d’ailleurs, il n’y a plus de coche d’eau d’Orléans à Nantes et pour cause, puisque la Loire — ô progrès ! — n’est plus navigable. Mais quoi ! c’est quand même et toujours la Loire et, pas un moment jusqu’à Saint-Nazaire, la voie ferrée, qui longe le beau fleuve chanté par Ronsard, ne laisse à l’œil le temps de se reposer. L’histoire s’inscrit partout dans le paysage en traits magnifiques. Les plus fameux sont rassemblés dans l’Orléanais et la Touraine — cette Touraine heureuse qui a mérité qu’on l’appelât le Jardin de la France et dont les plans harmonieux semblent avoir été disposés par une nature géomètre et musicienne. Là s’élèvent Chambord, Blois, Chaumont, Chenonceaux, Amboise, Azay-le-Rideau, etc., demeures princières qui nous font pénétrer au cœur même de la Renaissance française. Le siècle de François Ier s’y est exprimé aussi pleinement et avec plus de souplesse et de variété que le siècle de Louis XIV dans la fastueuse synthèse de Versailles : c’est une suite de pa-