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tiques, ces nouveaux héautonstimoroumenoï, ces bourreaux de soi-même… et quelquefois des autres, ne s’étaient répandus un peu partout dans l’univers. Le mal de François de Trohanet perd ainsi de son caractère exceptionnel pour devenir une des multiples variétés de la grande névrose intellectuelle et morale connue sous le nom de byronisme (bien que très antérieure à Byron), qui a tant fourni à la littérature de la première moitié du dix-neuvième siècle. Mais, alors que les romantiques byronisaient lyriquement et se complaisaient à l’étalage de leurs souffrances, François de Trohanet porte son mal en dedans et il faut toute la subtilité de l’auteur pour débrider cette plaie secrète et qui ne veut pas guérir. Voilà par où l’Affligé se distingue d’un Chatterton ou d’un Antony. Rassemblant tout ce qui précède, on pourrait le définir assez bien, je crois, un cas de byronisme armoricain observé avec les yeux d’un disciple de Stendhal et rendu avec le frémissement intérieur, la souplesse de style d’un émule de Fromentin.