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Dupouy, qu’il évoquât les « voix des nuits par les mers étales », le « soleil souffrant » de son pays :

…………………immergé
Dans la laine d’un ciel figé,
Dans l’étain de la mer bretonne,


ou la détresse morale de ces « soldats de frontières »,

Dont Rome impériale, oisive entre ses murs,
Usait jadis la force en des combats obscurs,
Près du même océan, par les mêmes bruyères.

Ils dressèrent des camps, ouvrirent des chemins.
Défrichèrent le sol à travers mainte alerte.
Sous l’herbe qui le vêt, de sa tenture verte
Se déchiffre toujours le labeur de leurs mains.

Ils connurent aussi des jours de flânerie,
D’une besogne à l’autre un loisir morne et lent,
Et je crois les ouïr dans le passé, sifflant
Sous le ciel de l’exil des airs de la patrie…

« Partances mériterait une longue étude qu’il m’est pénible d’être obligé de remettre à des jours meilleurs. Peu de livres à tant de délicatesse et de sobriété unissent une telle intensité d’émotion. On peut fonder de grands espoirs sur Auguste Dupouy. Aujourd’hui, je ne fais que saluer cette jeune gloire, encore peu connue, qui monte doucement, discrètement, sur l’horizon… »

Et dix-sept ans — longum aevi spatium — après l’apparition du premier livre de vers d’Auguste Dupouy, voici son premier roman : L’Affligé. Et tout de même, entre les deux livres, il n’y a pas eu un vide, un espace mort. Si le romancier n’avait pas encore fait entendre sa note, on avait pu apprécier du critique, avec un Vigny singulièrement aigu, une étude de littérature comparée : France et Allemagne, le premier de nos livres d’ensemble sur la question.