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suit pendant quelques lignes qui étonnent d’abord. L’auteur prend le ton de la plaisanterie ; il semble n’attacher qu’une importance secondaire à l’aventure qu’il vient de nous conter et qui est monnaie courante dans nos campagnes. Et brusquement, dans un bref paragraphe final, le ton rebondit sur un roulement de Dies iræ : Dieu s’évoque dans son plafond de nuées, comme au jour où il viendra juger les vivants et les morts, les Bondiou passés, présents et futurs… Je ne sais rien d’aussi saisissant. Grand art donc, si l’on veut. Cet art-là, quoi qu’il en soit, n’est pas le fait d’un simple intellectuel, comme on dit aujourd’hui[1], et si bien doué soit-il.

Et c’est en définitive le secret de cette maîtrise que Jean des Cognets vient d’affirmer dès son premier livre d’imagination et qui ne surprendra pas autrement du reste les fidèles du Sillon : il y a ici plus qu’un écrivain de la grande race, plus qu’un peintre fidèle et scrupuleux — scrupuleux jusqu’à l’intransigeance — des mœurs de son pays ; il y a un homme de cœur, un croyant et — oui, je risque le mot — un apôtre.



  1. Le mot sert surtout depuis l’affaire Dreyfus. Henri Massis (Jugements) l’a retrouvé cependant chez Renan, dans ses cahiers de séminariste. « Renan, dit-il, est, je crois, le premier qui ait employé ce mot substantivement. Littré n’en donne aucun exemple. » On le chercherait vainement d’ailleurs dans le Renan de la maturité.