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en marge de ses croquis (car il est artiste aussi et vous l’aviez sans doute deviné), et le livre s’est fait tout seul, sans que l’auteur y ait songé.

Tel quel, je le répète, il est charmant. Conscrits qui défilent en scandant leur marche titubante d’une rauque mélopée, mendiant traînant ses guêtres sur la route, commères à la veillée, dévotes à la chapelle, aubergiste à son comptoir, jouvencelles à la danse, et M. le sous-préfet dans sa calèche, et Pandore sur son destrier, toute une humanité en réduction est saisie là sur le vif, dans son geste essentiel, avec son ridicule, son tic, sa grâce ou son sourire. Et ce livre est sain. Il est le vivant commentaire de la conférence de Changeur. Au précepte il ajoute l’exemple. On aperçoit par lui ce qu’est ou du moins ce que devrait être, sans l’affreuse politique, la vie d’un Village de France : vie simple, harmonieuse et forte, déroulée à l’ombre du clocher, cadencée par ses sonneries aériennes, vie pareille à celle qui nous donnait au Moyen-Age une Jeanne d’Arc, dans les temps modernes un Mistral et qui, Dieu merci, en dépit de l’odieuse engeance des « délégués », est encore capable de nous donner un Parker.



Et, après Jos Parker, voici Jean des Cognets, autre peintre de la vie de Village — Cottet ou Simon après Feyen-Perrin ou Afred Guillou.

Son livre s’appelle : D’un vieux monde. Titre un peu hermétique, aux yeux de certains qui ne connaissent pas l’auteur, parfaitement clair pour ceux qui possèdent déjà leur des Cognets. Car de quel autre « vieux monde » que de la Bretagne pourrait