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le Journal de Village, porte la firme d’un libraire morlaisien[1]. Et qui donc intéresserait-il, en effet, dans l’énorme et bruyant Paris, ce recueil qui ne parle que des choses et des êtres aperçus dans un rayon de quelques arpents, même quand ces arpents-là sont ceux d’un petit paradis terrestre, célèbre pour la juteuse saveur de ses pommes et l’incarnadine fraîcheur de ses Èves à collerettes tuyautées et à devantiers de soie cerise ou lilas ? Mais, l’été venu, vous ferez peut-être une infidélité au boulevard. Alors et si les dieux vous conduisent vers l’un de ces verdoyants estuaires ou sur l’une de ces plages de sable rose qui s’ouvrent comme des lèvres dans l’âpre granit finistérien, prenez ce livre, emportez-le et, à vos heures de trêve, de grève et de rêve, feuilletez-le devant la mer : aux émanations iodées des varechs, à la rude salure du large, il mêlera pour vous sa senteur agreste, son odeur de verger, de foin mûr et de chair en fleur.

Al laouenan a gar ato
E doen ha kornig e vro…

« Le roitelet aime toujours son toit et le petit coin de son pays », dit la sagesse de Bretagne. Jos Parker, qui connaît le proverbe, qui l’a piqué en épigraphe à son livre, ne veut être qu’un roitelet. Mais il arrive que ce roitelet, çà et là, chante comme un rossignol. S’il redescend à la prose, c’est en lui gardant quelque chose d’ailé. Et cependant cette prose est celle d’un réaliste, d’un homme pour qui le

  1. Le précédent : Sous les Chênes, son principal recueil poétique, avait paru en 1891, à Rennes, chez Caillière. Jos Parker est mort en 1916 : ses admirateurs et amis lui ont élevé un lec’h à Fouesnant même, qu’il appelait « un jardin de la mer ».